Crise et Sophrologie

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        Notre époque est marquée par une crise profonde de la conscience individuelle et de la conscience collective : on assiste en effet à un déracinement des hommes, un éclatement des sociétés traditionnelles, une perte des valeurs fondamentales et à une rupture du lien social, à savoir une rupture des liens qui rattachaient les personnes à l’ensemble du ou des systèmes dont elles font partie. Notre temps remet en question les principes, les valeurs et les institutions qui rassuraient, pour les rejeter comme illusion. Notre société reste transie dans des circonstances qui la bloquent et bien que les hommes sachent qu’il faut changer de trajectoire, tout semble concourir à empêcher le mouvement libérateur : pesanteur des structures, poids des habitudes, …

        L’homme a longtemps cru que le progrès techno-scientifique répondrait à toutes ses questions et à toutes ses attentes. Cela dit, la science et la technologie occidentales ont certes beaucoup apporté à la société, mais elles ont également engendré une anxiété et une peur accrues en l’homme, qui éprouve de plus en plus de difficultés à s’adapter et à se défendre ; il erre dans un désert de doute et de confusion. L’ancienne vision de la science, si intéressante soit-elle, basée sur la conception mécaniste qui dissocie et décompose de Descartes et Newton nous mène à appréhender la vie, l’univers et l’être humaim comme des mécaniques. Cette approche ne permet pas de résoudre les questions fondamentales de l’existence. Elle confond sens et croissance sans prendre en compte des progrès plus qualitatifs ou personnels, tels que la croissance psychologique ou la croissance spirituelle, touchant très profondément aux racines de l’homme.

        Ces dernières années, les sciences ont beaucoup évolué et une vision holistique et écologique en accord avec celle des anciens mystiques a pris le pas sur la conception mécaniste de Descartes et Newton.

        Malgré tout, notre société est en déroute. Le chômage est aujourd’hui la principale source d’exclusion, qui est ainsi devenue une préoccupation majeure de notre société, du fait des fractures sociales qu’elle engendre. En effet, la précarité du travail induit une précarité dans la vie. Les travailleurs sociaux, les associations, les institutions qui concourent à l’action sociale s’interrogent sur la qualité des solutions mises en place pour faire face aux problèmes qui pourtant continuent de s’aggraver. Au fur et à mesure que des dispositifs sont créés, de nouvelles difficultés apparaissent, si bien que de nouveaux services sont continuellement inventés et de nouveaux spécialistes, sollicités. Aussi, la chaîne de prise en charge des problèmes sociaux et de leurs conséquences paraît sans fin, tandis que les budgets restent limités.

        Toutefois, la crise est danger, mais elle est aussi occasion. Elle est coupure, mais en même temps un vide dont tout peut émerger, un espace de transition et elle est porteuse de changement, d’opportunités, si elle est appréhendée par le bon sens. Une exploitation dynamique de la crise permettrait à l’homme de passer de sujet passif à acteur d’un véritable changement. Notre cadre de pensée actuel ne permettant pas de résoudre tous ces problèmes personnels et collectifs, il est temps de passer à un changement de mode de pensée, à un changement de " paradigme ". Ce terme a été introduit par le philosophe et historien des sciences Thomas Kuhn, selon qui l’homme doit accepter de modifier fondamentalement son système de pensée, ses perceptions et ses valeurs afin d’acquérir une nouvelle vision de la réalité. Une transformation de notre société actuelle constitue une étape essentielle au développement de notre civilisation.

        La Sophrologie proclame les valeurs fondamentales de l’homme contre la disharmonie de la conscience qui met actuellement notre société en péril. Cette science en permanente évolution s’accompagne d’une philosophie humaniste qui se propose d’étudier la conscience de l’homme en devenir ; il s’agit d’une voie le conduisant à une harmonisation globale du corps et de l’esprit, considérant l’individu comme un tout, une unité autonome et indivisible et l’amenant à une prise de conscience de sa conscience.

        La Sophrologie propose à l’homme de ressentir ses problèmes comme des défis et comme des occasions de renouveau plutôt que comme un stress. Elle offre à l’homme l’opportunité d’acquérir une énergie nouvelle, de rétablir un équilibre de vie, où positif et négatif sont harmonieusement mêlés. Ces notions de yang et de yin sont issues du principe d’organisation du Taoïsme et élaborées dans le Yi King (ou " Livre des Transformations "). Certains penseurs d’aujourd’hui expliquent que l’ordre surgit du désordre et que ce désordre créateur et organisateur est plus que jamais synonyme de liberté. " Nous sommes à un moment vraiment passionnant de notre histoire, peut-être un tournant ", a déclaré Ilya Prigogine, qui obtint le prix Nobel en 1977 pour l’élaboration d’une théorie des transformations, non seulement en sciences physiques, mais aussi dans la société, et qui montre le rôle du stress et des perturbations comme propulseurs vers un nouvel ordre plus élevé. Celui-ci a introduit d’une autre façon l’idée d’organisation à partir du désordre. La transformation, l’innovation et l’évolution sont autant de réponses naturelles à une crise. Il devient de plus en plus évident que les crises de notre temps représentent une impulsion nécessaire et une occasion de changement.