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  Le chiisme

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Index du site     (Sur la répartition actuelle des musulmans, voir ici )

Pour le sunnisme, voir ici.

Les chiites constituent actuellement 15 % de l'islam. Ils sont majoritaires en Iran, en Irak et chez les musulmans du Liban.

Le terme vient de l'arabe chî'at 'Alî (= le parti d'Ali).

La raison première de l'opposition entre sunnites et chiites tient à la question du califat. Pour les kharédjites, n'importe quel musulman, digne et apte, pouvait être élu à la suprême dignité. Les sunnites avaient limité le cercle de l'éligibilité aux membres de la tribu du Prophète (les Qoréich).. Les chiites, eux, étaient partisans de la succession héréditaire de droit divin.

Pour les sunnites, le calife n'est que le souverain temporel chargé de de protéger le cadre religieux de l'Etat, mais sans magistère religieux. 

Chez les chiites, l'Imam (c'est ainsi que s'appelle le calife ) possède une science surhumaine, son enseignement a valeur définitive. Il est impeccable, infaillible, il connaît les choses cachées. Pour les sunnites, l'impeccabilité et l'infaillibilité sont réservées aux prophètes et la connaissance des choses cachées à Dieu

Coran et hadith.

Les chiites n'admettent pas l'intégrité de la recension du Coran par Othman. Elle aurait été expurgée des passages favorables à Ali. Mais en pratique, ils doivent s'en contenter, puisqu'il n'y a pas d'autre recension du Coran.

Une autre source de la théologie et du droit, sont les traditions ou hadîth. Ces traditions ont souvent le même contenu que chez les sunnites, mais leur chaîne de garants (isnâd) est plus courte et remonte en général à Ali ou à un Imam. Les recueils de hadiths des chiites (Al-Kulayni, en iranien,  etc..) sont donc différents de ceux des sunnites.

La troisième source de théologie et de droit, le consensus chez les sunnites, n'existe pas dans le chiisme, puisque l'Imam est infaillible. Les chiites ont leurs propres écoles de droit. Les différences entre les écoles chiites et sunnites sont peu importantes. La plus connue est celle concernant le mariage temporaire (mut'a), fondée sur Coran 4.24 (recension d'Ibn Mas'ûd et d'Ibn Ubayy), maintenu par les chiites et abrogé par les sunnites.

 Glorification d'Ali

Pour les chiites, Mohammed n'est pas mort dans les bras d'Aïcha, mais dans les bras de sa fille tima, femme d'Ali. C'est Ali qui joua le rôle principal aux obsèques: il lava le corps du Prophète et l'oignit de camphre.

Alors que le sunnisme présente Ali comme un personnage falot, pour les chiites Ali est le prototype de la bravoure sur le champ de bataille. Sa sagesse était prodigieuse et son habileté calligraphique extraordinaire. Il accomplit des miracles extraordinaires: guérisons instantanées de blessures terribles, résurrections, apparitions après sa mort afin de châtier ses ennemis.

La doctrine de l'Imamat (c-à-d du califat chiite)

L'Imam  (c-à-d le calife) est le continuateur de la mission de Mohammed. Il est le seul à connaître le sens intime (ésotérique) de l'islam, communiqué secrètement, selon les chiites, par Dieu à Mohammed lors de son Ascension (en 621), puis par Mohammed à Ali, et transmis par celui-ci à ses successeurs. Il a une autorité doctrinale définitive faisant loi pour l'interprétation du Coran et de la Sunna.

L'Imam est infaillible et exempt de péché et d'erreur ('isma). La certitude de ce qu'il enseigne est absolue. 

L'Imam est médiateur (médiation = tawassul). en particulier Husayn (Hussein), fils d'Ali et de tima (et donc petit-fils du Prophète), mort à Karbalâ' (Kerbéla, actuellement en Irak) en 680, tué par l'armée du calife sunnite Yazîd. La mort de Husayn est considérée comme rédemptrice. Husayn ben 'Alî est mort pour son peuple. Ce sacrifice est fêté durant les dix premiers jours du mois de Muharram.

La ghayba (occultation de l'Imam). Le dernier des Imams n'est pas mort, mais a été "occulté". C'est "l'imam du Temps". Malgré son absence corporelle, il est le chef de la Communauté et a les moyens de transmettre aux siens l'expression de sa volonté. Selon Sohravardi, il est présent incognito, mais il ne peut révéler sa présence, car il perdrait immédiatement sa puissance spirituelle. L'inauguration du premier parlement iranien au 19ème s. eut lieu sous la protection et en présence de l'Imam caché.

L'Imâm mahdî est l'Imam caché, lorsqu'il réapparaîtra, à la fin des temps.

Les fêtes spéciales du chiisme

a) le 18 Dhû l-Hijja, fête de l'investiture d'Ali par Mohammed

b) le 10 Muharram: martyre de Husayn à Karbalâ'. Ce sont des cavalcades et des flagellations. les pénitents se frappent la poitrine nue: on s'inflige des coups de couteaux sur le crâne rasé, le sang coule sur les habits blancs. La foule vocifère, les invocations à Husayn pleuvent, les femmes hurlent.

c) pélerinages particuliers: à Médine, outre les tombes de Mohammed et de sa fille Fâtima, il y a les tombes des Imâms Hasan, 'Alî Zayn al-'Âbidîn, Muhammad al-Bâqir et Dja'far as-Sâdiq

d) Le mausolée d'Ali se trouve à Nadjaf (Nédjef), au sud de Kerbéla.

e) La tombe de Husayn se trouve à Kerbéla. A Machhad (Méchhed) se trouve la tombe de l'Imâm 'Alî al-Ridâ. C'est le grand centre des études chiites en Iran avec Qom.

Les chiites se divisent notamment en duodécimains et  septimans.

La hiérarchie

Les chiites sont organisés de manière hiérarchique, alors qu'il n'y a pas de hiérarchie dans le sunnisme. Voici la hiérarchie du chiisme duodécimain

Au sommet de la pyramide, il y a le Grand-Âyatollâh (= "signe de Dieu"), puis viennent les âyatollâh (qui sont un collège de docteurs en théologie qui se cooptent entre eux), les hojjat al-islâm (=preuve de Dieu") et les simples mollâh-s, équivalents des imâms de mosquée du sunnisme.

Quelques Grands Âyatollâh se voient décerner par leurs pairs le titre de marja' at-taqlîd ("référence en matière de tradition à suivre", apte à prendre des décisions théologico-juridiques). Ils sont à la tête d'une Hawza. La Hawza à la laquelle la plupart des chiites font allégeance est celle de Nadjaf, où se trouve le mausolée d'Ali. Actuellement (2007) le marja' le plus reconnu est Ali Sistani.  C'est un quiétiste et un constitutionnaliste qui s'oppose au primat du religieux sur le politique.

La doctrine constitutionnaliste a été énoncée par Mirza Naïni, au début du 20ème s. Cette doctrine s'oppose à celle de la  velayat-e faqîh. Figures de proue du mouvement constitutionnaliste: Mohammed Tabatabaï, Mohsen al-Hakim, Abou l-Qasim Khoei et Ali al-Sistani.

La velayat-e faqîh signifie en persan "le gouvernement par le théologien érudit". Cette doctrine  a été codifiée dans les années 1960-1970 par le grand-âyatollâh Rawhallâh Khomeyni. Elle érige en dogme la tutelle du clergé sur la masse des croyants. Le guide n'est pas soumis aux aléas de la politique. Il fixe les orientations qui s'imposent aux croyants.

Le premier guide suprême de la Révolution fut Khomeyni, auquel succéda à partir de 1989, Ali Khamenei, guide suprême à vie.

 

      

Ali Khamenei       Rawhallâh Khomeyni        Ali Sistani                    Mirza Naïni

 

Voir dossier du journal Le Monde du 25 octobre 2006)

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