Mythes et légendes des fantômes

 

 

 


Les fantômes semblent prendre les formes les plus différentes, apparaître dans les endroits les plus invraisemblables et hanter les demeures des personnes les plus diverses. Qui sont-ils vraiment et pourquoi se manifestent-ils ? Un voyage au coeur de l'étrange pays des ombres.

 


 

Avant que son roman " La Lettre écarlate " lui eût assuré la renommée, le romancier et nouvelliste américain Nathaniel Hawthorne était fonctionnaire des douanes à Boston. A cette époque, aux alentours de 1830, il allait tous les jours à la bibliothèque de l'Athénée pour y faire des recherches et y écrire pendant quelques petites heures. Un des familiers de ces lieux était un certain Révérend Harris, un ecclésiastique octogénaire qui, depuis des années, avait l'habitude de s'asseoir sur " sa " chaise, près de la cheminée, et d'y lire le Boston Post.

Hawthorne ne lui avait jamais parlé, toute conversation étant strictement interdite dans la salle de lecture, mais, à l'Athénée, le Révérend Harris était une véritable institution, si bien que Hawthorne était sûr qu'il aurait ressenti comme un manque si le vieil homme n'avait pas été là.

C'est pourquoi le romancier éprouva une vive surprise le soir où un ami lui annonça que le vieillard était mort quelque temps auparavant. Il fut même encore plus étonné quand, le lendemain, il trouva l'ecclésiastique sur sa chaise habituelle, en train de lire le journal. Pendant des semaines, Hawthorne continua de le voir là, fidèle au poste et apparemment en bonne santé.

Une des choses qui embarrassaient le jeune écrivain était le fait que plusieurs des autres habitués avaient été de proches amis du Révérend, tandis que lui ne l'avait pas été : pourquoi ne le voyaient-ils pas, eux ? Ou bien le voyaient-ils ? Mais, alors, ils éprouvaient la même répugnance que lui, Nathaniel, à avouer sa " présence " ? Une autre source d'embarras pour Hawthorne, lorsqu'il faisait son examen, était sa propre répulsion à toucher la vision, et plus encore à lui arracher le journal des mains : " Peut-être ne voulais-je pas détruire l'illusion, ni me dérober à moi-même une si bonne histoire de fantôme, qui aurait pu s'expliquer d'une façon très ordinaire ,"

Au bout d'un certain temps, le vieux monsieur parut guetter Hawthorne comme s'il l'attendait pour entrer en conversation. Mais, si tel avait été le cas, le fantôme aurait dérogé aux règles de la confrérie des esprits, en ce qui concerne à la fois le lieu de l'entrevue et le choix de l'interlocuteur. Comme on le sait, toute conversation était interdite dans la salle de lecture, et l'écrivain ne pouvait pas adresser la parole à l'apparition sans s'attirer immédiatement les regards courroucés des autres vieux messieurs en train de sommeiller autour de lui.

Et de quoi aurait-il eu l'air en s'adressant ainsi à ce qui, aux yeux de tout le reste de la compagnie, devait apparaître comme une chaise vide ?

Au bout de quelques mois, l'écrivain, pénétrant à l'Athénée, trouva la chaise hantée ... vide, et il ne revit plus jamais le vieil ecclésiastique.

 

Le seul défaut de cette histoire, pour qu'on puisse vraiment la considérer comme un élément de témoignage psychique, est qu'elle s'appuie sur l'attestation d'un auteur qui a écrit plusieurs nouvelles touchant au surnaturel. On sait que Hawthorne était un ami d'Edgar Poe et d'Herman Melville, deux écrivains dont la fréquentation des royaumes de l'Inconnu n'est plus à démontrer ...

On sait aussi que notre auteur s'intéressa aux apparitions après avoir vécu dans une maison du Massachusetts qui, pendant des années, eut la réputation d'être hantée. De cet endroit, il écrivit : " Alors que j'étais assis dans le salon, pendant le jour, j'ai souvent éprouvé la perception que quelqu'un passait par les fenêtres ; mais en regardant de leur côté, il n'y avait personne. "

Malgré ces réserves, on doit reconnaître que l'histoire du fantôme de la bibliothèque de l'Athénée est, pour une apparition, un élément de témoignage de première classe. Il est incontestable que, dans les deux récits de Hawthorne, celui de sa maison et celui du Révérend Harris, il n'a pas enjolivé les faits. En tant " qu'histoire de fantômes ", celle du vieil ecclésiastique est un mauvais conte, plat et sans intérêt. C'est ce qui confère, à nos yeux, toute sa valeur de témoin à Nathaniel Hawthorne. Qu'a-t-il vu ? Pour beaucoup, la réponse est qu'il a vu l'esprit du Révérend Harris, retenu sur terre, piégé d'une façon ou d'une autre à l'endroit qu'il avait accoutumé d'occuper pendant sa vie.

D'autres diront que le fantôme était une projection fabriquée par le souvenir que Hawthorne avait du vieillard : " C' est la création même de votre cerveau ", comme dit la mère de Hamlet au sujet des visions de son fils.

 

Plus récemment, des chercheurs du domaine psychique ont suggéré que la personne apparemment solide, auprès du feu, était une sorte d'enregistrement de l'esprit, laissé par le mort dans son environnement et que la pensée d'Hawthorne reçut, d'une façon ou d'une autre, à la manière d'un récepteur de télévision captant une émission ...

 

Une chose, en tout cas, est sûre : l'écrivain a été loin d'être le seul à voir un spectre. Depuis les temps les plus reculés, toutes les civilisations en ont noté, les unes comme une manifestation simple et banale, les autres comme une manifestation survenant dans des circonstances spécifiques ...

 

Sans remonter très haut, sans faire, par exemple, appel à la Bible, qui relate comment la nécromancienne d'Endor évoqua - il y a trois millénaires - le spectre de Samuel, à la demande du roi Saül, désemparé, qu'il nous suffise de conter brièvement une histoire de fantôme qui se situe il y a un peu plus de 650 ans.

Elle nous a été rapportée par un moine bénédictin, du nom de Jean Goby, qui était alors prieur de l'abbaye d'Alès. Spécialisé dans ce que nous nommerions les recherches psychiques, il fut chargé par Jean XXII, l'un des papes d'Avignon, d'enquêter sur un cas de hantise se produisant justement dans cette ville.

Le marchand Guy de Torno venait de mourir au mois de décembre 1323. Dans les jours qui suivirent, sa veuve se plaignit d'être " hantée " par un fantôme qui se manifestait seulement sous la forme auditive : pas de spectre, seulement la " voix " du mort, bien reconnaissable.

 

Accompagné de trois de ses moines et d'environ cent personnes, parmi les habitants les plus respectables et les plus respectés d'Alès, le R.P. Jean Goby s'en vint à la maison de la veuve le jour de Noël et entreprit son enquête et ses recherches. Il commença par fouiller la maison et les jardins en vue de déceler une supercherie, ou des effets sonores capricieux. Puis, il plaça un garde sur les lieux pour empêcher les curieux d'entrer.

Le foyer des manifestations étant la chambre à coucher, le prieur demanda à la veuve de rester au lit, en compagnie d'une vieille femme respectable, tandis que quatre moines demeuraient assis, chacun à l'un des quatre coins de la pièce, récitant l'office des morts. Bientôt se fit entendre un son passant vite, rappelant celui d'un balai. La veuve se mit à hurler de terreur. Goby demanda à haute voix si le bruit était fait par le mort, et une voix claire lui répondit : " Oui, c' est moi. "

Alors, Goby fit entrer dans la chambre, comme témoins, quelques voisins et les plaça en cercle autour du lit. La voix s'éleva de nouveau, assurant qu'elle n'était pas un émissaire de Messire Satanas, mais le fantôme de Guy de Torno, retenu sur terre, condamné à hanter sa propre demeure à cause des péchés qu'il y avait commis.

Pour convaincre le prieur, la " voix " lui dit qu'il portait le saint sacrement dans un ciboire caché sous sa robe de bure, fait connu uniquement de Goby. Après s'être accusé d'adultère, l'esprit soupira et s'en alla ...

Le moine écrivit son rapport et l'envoya au pape. Enquête minutieuse et objective qui, néanmoins, contient beaucoup de questions sans réponse. Le bruit de balayage et le soupir ne seraient-ils pas dus au mistral ? La voix ne le serait-elle pas à de la ventriloquie venant de la veuve, consciemment ou non, d'ailleurs, surtout si elle soupçonnait l'infidélité de son mari ? Cette dernière hypothèse semblait néanmoins fort peu plausible : si une telle tricherie avait été découverte, la femme aurait vraisemblablement risqué l'accusation de sorcellerie, avec tous les inconvénients que cela comportait, jusque et y compris celui d'être brûlée vive sur un bûcher ...

Malgré une très sérieue investigation, l'apparition de " masse " du mois de novembre 1643 est demeurée une énigme dont on n'est pas parvenu à percer le mystère. Les faits sont consécutifs à la bataille d'Edgehill, dans le Warwickshire, qui opposa les troupes du roi Charles 1er, sous les ordres de son neveu Rupert, aux partisans du Parlement, commandés par Olivier Cromwell. Ce premier combat de la guerre civile anglaise ne fut pas décisif, mais n'en laissa pas moins 500 cadavres sur les pentes d'Edgehill.

Or, un mois après, un certain nombre de bergers virent au même endroit un spectacle qu'ils prirent pour une nouvelle bataille. Tout y était : la charge de la cavalerie, la fumée des canons, les éclairs de l'acier des armes, sans oublier la partie sonore : les hennissements des chevaux, les plaintes des blessés, les roulements des tambours ...

Et ce n'est que lorsque le tableau s'évanouit, tout d'un coup, que les témoins prirent peur en se rendant compte qu'ils avaient eu affaire à une vision fantomatique. La veille de Noël, l'apparition se manifesta de nouveau, tant et si bien que l'écho en parvint jusqu'au roi, qui nomma une commission d'une demi-douzaine d'officiers pour mener une enquête. Non seulement ils interrogèrent les bergers, mais ils virent à leur tour, et par deux fois, la bataille, y reconnaissant des morts et aussi des vivants, tel le prince Rupert, mais ils se gardèrent bien d'en tirer des conclusions ...

Qu'en conclure en effet ? Que c'est une espèce de répétition de l'action, ce qu'on pourrait appeler une récurrence, ou bien encore une imprégnation des lieux ...

 

Franchissons maintenant la Manche, et juste un siècle, pour évoquer le revenant de la Clairon, une célèbre actrice de notre XVIIIème siècle. Très belle, elle avait de fort nombreux soupirants. L'un d'eux, un jeune noble Breton, s'éprit d'elle avec une passion dévorante à laquelle, malheureusement, elle ne répondit pas. De désespoir, il tomba si malade qu'il en mourut au bout de peu de temps ... Ce soir-là, elle était chez elle, avec sa mère et des amis : " Je venais de chanter, rapporte-t-elle dans ses Mémoires, lorsque, au dernier coup de 11 heures, succéda le cri le plus aigu ! " De frayeur, la jeune femme tomba sans connaissance.

Tout le monde, dans la maison et même au dehors, a entendu le cri. Et ce cri va se répéter très souvent. Puis il y aura des fracas d'explosion, puis il y aura des claquements de mains ... Ce n'est qu'au bout de deux ans et demi que cesseront ces effrayantes manifestations.

Mais comment la Clairon a-t-elle pu établir le rapport entre ces cris et ces bruits avec son défunt soupirant ? Parce qu'elle a appris, peu après, d'une personne qui avait assisté celui-ci à ses derniers instants, qu'il avait dit : " La barbare! Elle n'y gagnera rien ! Je la poursuivrai autant après ma mort que je l'ai poursuivie pendant ma vie ! " Phénomène de hantise classique qui, s'il est authentique, apporterait une preuve de la vie après la mort !

Retournant en Angleterre, nous allons y rencontrer le " fantôme en gris ", bien connu des Londoniens, parce qu'il hante le théâtre de Drury Lane depuis plus de deux siècles. Il s'est montré à d'innombrables reprises et à des douzaines de témoins. Sa première apparition remonte aux premières années du XVIIIème siècle, et la dernière a eu lieu en la dernière décennie. Mais on peut s'attendre à le voir resurgir un jour ou l'autre ...

D'une taille au-dessus de la moyenne, et d'agréable physionomie, il porte un tricorne, une perruque poudrée et un long manteau gris, une épée et des bottes de cavalier. Il sort d'un mur, à gauche du balcon supérieur, passe derrière les sièges et s'évanouit dans le mur opposé. On ne l'a jamais vu parler à quiconque ni prêter la moindre attention aux témoins. Il semble solide ; cependant, si son chemin est barré par un vivant, il se dissout pour reparaître de l'autre côté.

Quelle est l'identité du " fantôme gris " ? Serait-ce le personnage dont, au cours de travaux aux alentours de 1840, on a trouvé le squelette, un poignard fiché entre les côtes ? Et ce mort serait-il une des victimes de Christophe Ricks, le " mauvais homme du vieux Drury ", qui a dirigé le théâtre au temps de la reine Anne et est resté célèbre pour sa violence ? Toujours est-il que le fantôme en gris se montra avec régularité entre l930 et 1960, alors que le critique et historien W J McQueen Pope guidait des fournées de visiteurs à la découverte du théâtre. On pourrait alors se demander si Pope n'était pas un catalyseur inconscient pour l'apparition et si, en quelque sorte, il " n'appelait " pas l'homme en gris ...

 

Ce qui n'a pas empêché celui-ci d'apparaître à un Américain en 1977, c'est-à-dire dix-sept ans après le décès de Pope, nous confirmant la complexité de ce type de phénomène, connu en parapsychologie sous le nom d'apparition.

 

 


Tournons-nous maintenant vers les " chasseurs de fantômes " ...

 


I1 n'y a pas deux fantômes semblables. Un bon chasseur de fantômes approchera chacun d'entre eux différemment. Voyons donc comment des chercheurs sérieux entreprennent leur affaire et quelle sorte d'évidence ils recherchent.

" La peur me saisit, et un tremblement secoua tous mes os. Alors qu'un esprit passait devant ma figure, les poils de ma chair se hérissèrent. Il demeura immobile, mais je ne pus discerner sa forme. " C' est ainsi qu'est décrite l'expression de la vision d'un fantôme dans le Livre de Job (IV, 14-16). Beaucoup de ceux qui rencontrent un spectre éprouvent littéralement le phénomène du " poil qui se hérisse ". Quelques-uns, heureusement pour eux, loin d'être effrayés, désirent faire la rencontre d'un esprit et l'étudier activement et sérieusement.

L'existence des fantômes a été acceptée sans question dans presque toutes les civilisations à travers l'histoire de l'humanité. C' est seulement avec le développement de l'observation scientifique en Occident, dans les derniers siècles, que l'on s'est mis à discuter de leur existence et de leur nature. Et il y eut peu de tentatives sérieuses pour découvrir ce qu'ils sont réellement, et pour étudier leur comportement. Beaucoup de gens répondent encore à l'idée de fantômes avec un mélange irrationnel de peur, de ridicule et de rire.

Nous rejetons ce que nous ne comprenons pas, plutôt que d'envisager la possibilité qu'il y ait, en effet, " plus de choses dans le ciel et sur la Terre " que nous n'en rêvons : telle est à peu près la position du monde scientifique.

Les spectres sont mêmes rejetés par ceux qui les ont vus. " Je l'ai vu, mais cependant je ne peux y croire " est la réaction communément rapportée. Car l'esprit humain rejette d'instinct une information qu'il est incapable d'assimiler ou d'interpréter. De meilleurs témoignages sont encore nécessaires avant que les fantômes puissent trouver leur place dans les manuels de physique et de biologie.

 

Et, d'abord, qu'est-ce qu'un fantôme ? Les dictionnaires le définissent comme un esprit supposé séparé du corps, ou encore l'âme d'une personnalité morte. Cette explication de la nature des fantômes ne peut être prise ici en considération, car les apparitions des personnes vivantes sont fréquentes.

 

Frédéric W.H. Myers, l'un des chefs de la récente recherche psychique, a caractérisé, quant à lui, le fantôme comme " une manifestation d'une énergie personnelle persistante ", définition à laquelle il est parvenu après une étude approfondie et soigneuse d'une masse de témoignages, et qui s'applique aussi bien aux morts qu'aux vivants. Une grande quantité de témoignages est utile, voire indispensable, d'autant plus que voir ou entendre des présences fantômales est une expérience très commune.

En 1889, la Société britannique pour la recherche psychique - la célèbre S.P.R. de Londres, dont Myers fut, justement, l'un des membres fondateurs - engagea une vaste enquête concernant les expériences d'apparitions en posant la question : " Avez-vous jamais, alors que vous vous croyiez complètement éveillé, ressenti la nette impression de voir un être vivant ou un objet inanimé, ou d'être touché par lui, ou d'entendre une voix, impression qui, aussi loin que vous puissiez découvrir, n'était pas due à une quelconque cause physique ? "

Presque 10 % des 17 000 personnes qui répondirent à ce questionnaire, diffusé par quelques grands journaux anglais, dirent : " Oui. " Des enquêtes postérieures, dans divers autres pays, ont confirmé ce tableau.

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Des apparences isolées de fantômes peuvent ne pas être dramatiques. Quand elles se répètent pendant une longue période, elles deviennent dignes d'étude. Nous prendrons pour exemple le spectre à propos duquel il y eut un compte rendu fait en 1892 par une étudiante en médecine, Miss Morton. Celle-ci écrivit : " J'ai vu la forme d'une dame de haute taille, habillée de noir, qui se tenait en haut de l'escalier. Au bout de quelques instants, elle descendit les marches, et je la suivis du regard sur une courte distance, curieuse de ce qu'elle pouvait être. Je n'avais qu'un petit bout de chandelle, et tout d'un coup, elle se consuma et s'éteignit. Incapable alors d'en voir plus, je me dirigeai vers ma chambre. "

Ce spectre s'est de lui-même prêté à l'étude : durant les sept années suivantes, six personnes, en plus de Miss Morton, ont vu le fantôme, qui ressemblait énormément à une personne connue qui avait précédemment occupé la maison. Et, coïncidant avec ces apparitions, des bruits, apparemment produits par ces dernières, furent entendus par une vingtaine de personnes. Les visions suivaient un modèle régulier : la silhouette descendait l'escalier, entrait dans le salon et se tenait dans l'embrasure de la fenêtre. Puis elle quittait la pièce par la porte, longeait le corridor et disparaissait. Miss Morton, pleine de ressources, noua quelquefois des fils à travers les marches de l'escalier, mais ils demeurèrent intacts.

Miss Morton, qui devait être une jeune femme exceptionnellement courageuse, a fait de fréquentes tentatives pour amorcer la conversation avec le spectre. Mais, bien qu'il parût au courant de sa présence, il ne répondit jamais. Elle essaya aussi de le toucher, mais il s'écarta toujours. " En le coinçant dans une encoignure, comme je l'ai fait une fois ou deux, a écrit notre témoin, il disparut. "

Miss Morton essaya même de saisir la dame en noir, mais ce fut avec le même résultat négatif.

Un jour, voyant l'apparition à la fenêtre habituelle, elle demanda à son père s'il la voyait lui aussi, mais il n'en était rien. Lorsque celui-ci s'avança vers la fenêtre, le fantôme se mit promptement à tourner autour de lui.

Il y avait un chat chez les Morton. Pourtant, il ne parut nullement être conscient de la présence de la dame en noir. Quant aux chiens, ils réagirent comme s'ils avaient vu quelqu'un : l'un d'eux courut au pied de l'escalier, remua la queue et sauta comme s'il attendait d'être caressé, mais ensuite il recula, la queue entre les jambes, et se coucha sous le sofa.

Un autre fut souvent trouvé " en état de terreur " sans raison apparente : la sensibilité de certains animaux aux présences surnaturelles les a fait employer comme " détecteurs " de fantômes.

 

Dans une investigation de ce genre, il est utile de savoir quelque chose du cours probable des événements. Alors que la nature des fantômes demeure encore mystérieuse, leur comportement a été étudié en détail. Et c'est ainsi que G.N.M. Tyrrell, dans son livre " Les Apparitions ", publié en l943, a pu identifier quatre principaux groupes d'après leur type d'activité.

 

 

Et, bien que les expériences " hors du corps " aient récemment donné lieu à de nombreuses et importantes recherches, les comptes rendus de visibilité à distance " auto-produites " demeurent très rares.

Ces fantômes, dont des chercheurs pointilleux ont conclu à l'authenticité, montrent habituellement un certain nombre de traits caractéristiques.

Une telle vision obéit aux lois de la perspective, se montrant différente à des observateurs différents. Elle a une apparence solide. Elle est visible, même reflétée dans un miroir, et ses mouvements produisent les bruits qui leur sont propres : par exemple, on peut entendre ses pas. Elle donne généralement l'impression d'être aussi réelle qu'une personne vivante, même si ce n'est que pendant un laps de temps limité. De plus, on peut avoir à son passage une impression soudaine de froid.

Cette sensation de froid est aussi un trait communément rapporté dans les cas dits de " Poltergeist ", mais les Poltergeist sont des genres d'apparitions considérés comme différents : ils provoquent des mouvements d'objets physiques, bien qu'on ne les voie pas agir. Des apparitions ont été relatées en association avec l'activité Poltergeist, mais nous n'avons pas encore vu ces apparitions prendre un objet et le jeter.

Lorsqu'un fantôme n'est vu que par une seule personne, il y a naissance du soupçon d'hallucination, d'erreur ou de tromperie, cette dernière étant le fait soit de celui qui perçoit, soit de quelqu'un d'autre. Mais les apparitions sont souvent vues par plus d'une personne en même temps - quoique pas nécessairement par chacun des présents -, ce qui est souvent suffisant pour écarter l'éventualité d'une tromperie ou d'une méprise. La seule certitude acquise est que la vraie nature des apparitions demeure inconnue. Ce n'est pas obligatoirement un esprit désincarné : ce peut être un phénomène " intersubjectif ", la création commune des esprits de ceux qui l'ont perçu.

Une vision peut fournir un véritable témoignage de sa nature non physique. C'est ainsi qu'elle peut traverser les murs. Parfois, elle apparaît et disparaît à travers des portes qui s'ouvrent et se ferment, tandis que les portes " réelles " demeurent fermées. Elle peut devenir transparente et s'évanouir.

Ces ombres illusoires peuvent pourtant être apparemment enregistrées sur pellicule photographique. Il y a beaucoup de prétendues photographies de fantômes, mais il y en a peu dont les clichés soient vraiment convaincants. La fraude a été si répandue dans le domaine de la photographie psychique que l'attention a été détournée des rares exemples qui peuvent bien être réels.

Un cas sérieux et frappant est celui de Raynham Hall, qui est la demeure du marquis de Townshend, à Norfolk, et qui se situe en 1936. Un photographe professionnel et son assistant étaient en train de prendre des photos de la demeure. Pendant qu'il photographiait l'escalier, l'assistant raconta avoir vu un spectre en train de descendre les marches. L'image prise à ce moment, et qui a été déclarée authentique et sans trucage par des experts en photographie, montre effectivement une forme brumeuse, floue.

La maison a depuis longtemps la réputation d'être hantée par une dame en brun, qui fut aperçue simultanément par deux témoins, un jour de l835. Plus tard, elle fut encore vue par le capitaine Marryat, un écrivain, qui, sans aucune galanterie, tira sur elle un coup de feu. Malgré cette action déplaisante et inamicale, on la vit de nouveau en l926 : elle se montra à Lord Townshend et à deux témoins. Dix ans plus tard, elle se faisait " tirer le portrait " grâce au photographe.

 

Des photographes ont pris des images de fantômes fort convaincantes dans des églises. En 1940, par exemple, un avoué a saisi une forme humaine, sans erreur possible, devant l'autel de l'église Saint-Nicolas, à Arundel, dans le Sussex. D'apparence moins floue, plus consistante que la dame en brun de Raynham Hall, elle était toutefois partiellement transparente. Certains l'ont interprétée comme l'image d'un prêtre agenouillé.

Un personnage similaire est apparu sur une photo prise dans l'église de Sainte-Marie, à Woodford, dans le Northamptonshire, par Gordon Carroll, en 1966. Deux fantômes de prêtres se sont également montrés sur une photo de Lady Palmer prise par son amie, Miss Townsend, dans la basilique de Domrémy, le pays de Jeanne d'Arc.

Le prix de la qualité technique pour une photo de fantôme doit aller au révérend K.F. Lord, de Newby, dans le Yorkshire, pour avoir enregistré la présence devant son autel d'un spectre aux orbites vides, et dont l'image est très nette.

 

Après ces quelques exemples de fantômes attachés plus principalement à un lieu, on dispose en plus grand nombre de témoignages photographiques d'apparitions hantant une personne. C'est ainsi que les albums de photos de famille du médium londonien Gladys Hayter contiennent des douzaines d'images en couleurs de lueurs inexplicables, d'ombres et d'êtres humains vivants, apparemment plus ou moins dématérialisés.

 

En l979, cette femme a photographié un enfant dans une voiture, image qui semblerait entièrement normale si ce n'était le fait que, comme Gladys Hayter l'a certifié, , n'y avait pas d'enfant dans la voiture lorsque la photo a été prise !

 

 


Cependant, aucune photographie ne peut être aussi convaincante que les témoignages oculaires. Et leur accumulation serait la meilleure preuve de l'existence des fantômes.

 


Mais en dépit d'un siècle de recherche intensive, les questions demeurent sans avoir encore reçu de réponses définitives. Que sont-ils ? Dans quelles conditions se manifestent-ils ? Les chasseurs de fantômes continuent toujours d'affronter des mystères innombrables .

 

 

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