Évolution ou création ?
Enfants de Dieu ou enfants du hasard ?

par Pierre Cloutier




 

Introduction

Un de mes copains, Marcel, est membre d'une secte fondamentaliste américaine, les Adventistes du Septième Jour. Voilà maintenant une dizaine d'années que Marcel et moi, aimons discuter chaque fois que nous en avons l'occasion. Nous divergeons complètement d'opinion sur des sujets comme l'existence de Dieu et le destin de l'Homme.

Entre nos rencontres, nous nous relançons, de temps à autre, à coup de photocopies d'extraits de livres et parfois de petits textes de notre cru. Il y a quelques temps, Marcel m'a apporté le livre « Évolution ou Création », écrit par deux fondamentalistes religieux américains, et j'ai tout de suite eu l'idée de lui répondre par écrit. Les discussions sur ces sujets, c'est souvent chargé d'émotions, et ça n'avance pas à grand chose. Tandis qu'un texte écrit, comme on dit... les écrits restent. Donc, je voulais lui remettre un petit résumé de mes impressions, suite à la lecture du livre. Mais, à mesure que le texte prenait forme et consistance, je me disais que cela pourrait bien intéresser d'autres personnes que Marcel. C'est pourquoi j'ai décidé d'ajouter cette introduction qui comprend d'abord quelques mots sur la doctrine adventiste et un très court résumé du livre lui-même, à l'intention de ceux qui n'auront pas l'occasion de le lire. Puis, suit le texte tel que je l'ai remis à Marcel.

À la fin, vous trouverez une liste de livres que je recommande fortement à quiconque est intéressé par ces questions. Au long du texte, un chiffre entre parenthèse, (x) signifie un renvoi à cette liste.

La croyance adventiste

Les Adventistes partagent, avec 40 millions de fondamentalistes américains une foi absolue dans la Bible protestante de Martin Luther (1483-1546). Ils espèrent pour très bientôt le « retour du Christ ». En attendant, ils fouillent la Bible, cherchant tout ce qui pourrait ressembler à une prophétie, apportant plus de détails sur le quand et le comment de ce retour.

L'histoire est assez simpliste et ressemble beaucoup à ce que nous appelions autrefois l'histoire sainte. En gros, Dieu après avoir créé la terre et la « sphère céleste », créa les Hommes à son image (?), pour qu'ils jouissent de ce paradis. Mais ceux-ci lui désobéirent et le mirent en colère. Il les répudia alors et les abandonna à leur sort pendant quelques millénaires. Puis, Il se choisit un peuple, à qui Il ne cessa pendant mille ans de promettre mers et mondes. Mais ce peuple une fois de plus, le déçut. Il changea donc d'idée et décida d'envoyer son fils sur la terre pour sauver tous les Hommes. Cela se passa au temps de la Pâque de l'an 33. Les Hommes tuèrent le fils de Dieu. Dieu qui avait prévu la chose, sembla satisfait et déclara qu'à partir de ce jour les portes du paradis étaient à nouveau ouvertes aux Hommes. Ce fut le début de la Chrétienté.

Au départ, minorité opprimée, les chrétiens devinrent vite une puissance mondiale, avec comme château fort l'Europe, comme capitale Rome et comme chef, le pape. En 1517, Martin Luther se révolta contre le Pape. Ce fut le début de la Réforme, dont allaient naître les Églises protestantes. Trois siècles plus tard, aux États-Unis, le 22 octobre 1844, des protestants fervents étaient réunis dans l'attente du retour du Christ, prédit, selon eux, pour cette journée même par la Bible (?). Leur attente fut déçue, bien sûr, mais malgré cette déception, le mouvement avait eu assez de force pour devenir le point de départ d'une nouvelle secte religieuse : les Adventistes du Septième Jour.

Un peu plus tard, la secte des Témoins de Jéhovah fut fondée par un ancien adventiste. Les Mormons, les Pentecôtistes et autres sectes fondamentalistes qui virent le jour à cette époque, se ressemblent comme des soeurs et elles ont beaucoup de points en commun. Leurs doctrines sont toutes basées sur la Bible et seules les interprétations diffèrent. Naturellement, aucune d'entre elles n'accepte la théorie de l'évolution.

Le livre

Le texte qui suit est une réponse à un bouquin qui a pour titre « Évolution ou Création ». Même si cela était souhaitable, je ne crois pas qu'il faille absolument avoir lu le livre pour comprendre et apprécier ce texte. Les quelques précisions suivantes suffiront : Les deux auteurs sont fondamentalistes. Ils croient que la terre fut créée à partir de rien, par un Dieu, il y a environ 6000 ans. Pour expliquer les « rides » qui font paraître la terre beaucoup plus vieille que cela, ils n'ont qu'un seul argument : le déluge. Ils mettent beaucoup d'efforts pour donner à cette vieille légende un caractère de validité scientifique. D'après eux, le déluge explique tous les mystères de la géologie, de la botanique et de la zoologie. Si vous avez une Bible, je vous recommande d'aller relire ce court récit, (2 pages) au tout début de la Genèse (1), chapitres 6,7 et 8.


BONNE LECTURE
Pierre Cloutier 










 

ÉVOLUTION OU CRÉATION

Discussions et commentaires après lecture du livre Évolution ou Création de Jean Flori et Henri Rasolofomasoandro.

Pierre Cloutier, mai 1987

Ma première impression est positive. Je dois reconnaître que les auteurs de « Évolution ou Création » ont l'esprit scientifique plus développé que la plupart des croyants moyens. Ils mettent en doute la théorie évolutionniste (et c'est très bien), mais leur formation de scientifiques les oblige à mettre aussi en doute la théorie créationniste qu'ils nous présentent comme alternative. Finalement, chacun y trouve ce qu'il veut et je ne crois pas que ce livre fasse changer personne d'opinion. Les auteurs sont conscients de la faiblesse de l'argument du déluge comme seul et unique point d'appui à la théorie créationniste. Ils admettent également la difficulté qu'il y a de nier l'efficacité des méthodes de datation. Aussi consacrent-ils une très (trop) grande partie du livre à ce sujet, d'après moi, en pure perte de temps.

Ma deuxième principale constatation c'est que les auteurs (comme la plupart des croyants), ne comprennent pas du tout le fonctionnement de l'évolution. Ceci est très important car, malheureusement pour eux, la plupart des arguments qu'ils apportent contre l'évolution, ne sont même pas pertinents. Par exemple, lorsqu'ils parlent des strates, des mutations et surtout des fameux fossiles vivants. (nous y reviendrons)

Malgré le fait qu'ils n'y croient pas, les auteurs ne peuvent s'empêcher de trouver « séduisants », beaucoup d'aspects de la théorie de l'évolution. Ils citent même (page 256), Jean Rostand qui dit : « ...que la preuve paléontologique suffit à imposer la théorie de l'évolution. » Les auteurs, de par leur côté scientifique, semblent grandement apprécier la théorie de l'évolution et ne trouvent finalement pour la critiquer que le fait qu'elle n'explique pas tout ; bien qu'ils admettent qu'elle explique presque tout (ce qui est déjà pas mal). Toutefois ils rappellent que la théorie de l'évolution comporte des zones grises et prétendent, à cause de cela la rejeter en bloc.

Dans la deuxième moitié du livre, les auteurs nous proposent le créationnisme. Ici, leur foi leur dicte un comportement un peu moins scientifique et ils en paraissent eux-mêmes contrariés. Ainsi, à de nombreux endroits du livre, les auteurs plaident en faveur d'une tolérance et d'un manque de rigueur sur le plan scientifique. Ils avouent eux-mêmes que le créationnisme comporte de nombreuses (et graves) lacunes. « On ne peut pas tout expliquer... » disent-ils.

Tout au long du livre, à partir du moment où il présente son hypothèse (p.215), l'auteur ne cesse de s'excuser, d'expliquer que « ...le croyant ne voit pas les choses du même œil que l'athée » (p.215), que la seule voie de la raison ne peut conduire à la vérité etc, etc. Lorsqu'il parle de la Bible et du récit de la Création, il devient carrément confus. « La Bible n'est pas un livre de science... » dit-il. « Ce n'est pas non plus un livre historique... On ne peut pas lire la Bible avec un esprit objectif. » Bref, « ...il faut interpréter les écritures à la lumière de sa foi. » Page 301, dernier paragraphe, il nous dit : « Nous n'avons nullement la prétention de dire que tous les problèmes seront résolus. Il y aura toujours des questions qui demeureront insolubles. Notre interprétation ne repose pas non plus sur des faits expérimentaux ... »

En conclusion, l'auteur rejette, à cause de sa foi, une théorie qu'il trouve « séduisante ». (pages 192 ligne 13, 200 ligne 20, 312 ligne 17) Il critique et dénonce l'évolution bien qu'il ne la comprenne pas et nous propose, en contrepartie, une hypothèse farfelue, qu'il avoue lui-même, être incomplète et pleine de lacunes.

Ce texte est beaucoup plus que la critique du livre. À partir d'ici j'ai voulu expliquer à mon copain Marcel comment fontionne l'évolution. Plus loin, je parle d'astronomie et du Big Bang, puis je lui donne mes raisons pour ne pas croire au surnaturel.


Un exemple d'évolution

Supposons qu'un chevreuil naisse pourvu d'une fourrure plus dense qui lui permette de supporter une température plus froide d'une dizaine de degrés. Supposons que cet avantage soit héréditaire et qu'il le transmette à ses descendants. Ceux-ci (au fil des générations) pourront monter un peu plus haut vers le nord et se développer en grand nombre puisqu'ils jouiront d'un territoire inoccupé. Mais cela ne veut pas dire pour autant que les chevreuils normaux aient disparus. Les deux races pourront coexister pendant des milliers d'années. Si le climat se réchauffe, la première race prendra de l'importance puisqu'elle pourra monter brouter le territoire de la deuxième. Si, au contraire, le climat se refroidit, la deuxième race devient avantagée et il peut même arriver que la première race soit complètement éliminée.

Mais ce n'est pas si simple. Pendant les dizaines de milliers d'années de coexistence, il y eut sûrement toutes sortes de croisements entre les deux races de sorte que ce n'est plus des blancs et des noirs que nous avons, mais toute une échelle de gris. C'est-à-dire une gradation d'épaisseur de fourrures. Toutefois, advenant le cas d'une glaciation intense, et que 99 % du troupeau total meurent de froid et de faim, il est certain que le 1 % de survivants sera composé des plus purs représentants de la deuxième race (fourrure épaisse). Ces derniers donneront naissance à une nouvelle lignée de chevreuils qui auront tous, les caractères héréditaires de leur lointain ancêtre à fourrure plus épaisse.

Ceci est un exemple. Un des moyens utilisés par la nature pour faire fonctionner l'évolution s'appelle la sélection naturelle. La nature est sans pitié ; elle peut faire périr des millions d'individus simplement pour conserver les plus forts et ainsi commencer une nouvelle lignée. L'évolution est un phénomène très complexe qui n'est pas facile à saisir pour un humain. Pour y arriver, il faut se placer par la pensée, hors du temps et de l'espace à l'échelle humaine. Il faut être capable d'imaginer des millions d'années, des millions de générations, des millions de petits changements minimes. Cela demande un gros effort d'imagination pour un être humain dont la durée de vie ne dépasse pas cent ans.

Pour que l'évolution fonctionne, il faut trois choses :

  1. Premièrement, une différence entre les individus
  2. Deuxièmement, des conditions de vie très difficiles. (où le moindre avantage physique peut représenter une question de vie ou de mort)
  3. Troisièmement, du temps, des générations. (2)

Explication de ces trois points :

1-Une différence entre les individus

Même à l'intérieur d'une même espèce, comme l'espèce humaine, il n'y a pas un individu exactement semblable à un autre. Cela est une nécessité pour le fonctionnement du phénomène évolutif. C'est aussi une réalité que tu ne peux nier et c'est en même temps, j'oserais dire, une preuve de l'évolution. En effet, si un dieu nous avait créés, il aurait bien pu nous faire tous identiques, mais pas l'évolution. Je ne veux pas trop parler de Dieu, ça c'est ton domaine, mais pourquoi nous avoir faits différents ? Tu vas me sortir une de tes réponses « fleur bleue » ? Bon. Mais alors, pourquoi n'a-t-Il pas fait les fourmis toutes identiques ? Cela n'aurait dérangé personne. Non, il y a autant de variété chez les fourmis, les pucerons, les arbres et les fleurs que chez les Hommes.

2-Des conditions de vie difficiles

Plus il y a de morts, plus les générations se succèdent rapidement, plus il y a évolution. Il peut y avoir momentanément dégénérescence, mais à long terme, il y aura évolution. C'est sûr, puisque c'est toujours le plus fort, le plus intelligent ou le mieux adapté qui survit. Et c'est toujours le plus faible, le malade ou le mal-adapté qui crève en premier. Or nous savons que la terre n'est pas un endroit facile à vivre. Le têtard (bébé grenouille) qui vient au monde dans une mare, n'a pas une chance sur dix milles de vivre 24 heures.

Les créationnistes se plaignent de ne pas voir l'évolution en marche. Est-ce que les enfants voient avancer les aiguilles de l'horloge ? Non, et pourtant elles avancent. On ne voit pas l'évolution parce que c'est trop gros, trop lent et qu'on est trop près. En plus, on ne sait pas où regarder. L'évolution, contrairement à ce que certains en pensent, n'est pas arrêtée. Il y a peut-être parmi nous, des spécimens humains des races supérieures qui nous succéderont dans quelques milliers d'années. Mais nous ne les voyons pas. Ils sont peut-être américains, ils sont peut-être russes ? Ils sont peut-être champions olympiques ou peut-être champions mondiaux d'échecs ou peut-être autre chose ? Nous ne savons pas. Pas plus que l'homme de Neandertal, lorsqu'il rencontrait un spécimen d'homo sapiens, ne pouvait s'imaginer qu'un jour cette race aurait pris toute la place et que sa propre race serait complètement éteinte. Probablement qu'un jour, l'homme moyen sera comme un mélange de champion olympique et de champion d'échecs d'aujourd'hui.

3-Beaucoup de temps

La planète Terre est vieille de 4,6 milliards d'années. Là-dessus je ne veux même pas discuter. Les créationnistes me font bien rire lorsqu'ils mettent en doute les systèmes de datation. Ces systèmes sont des machines. Est-ce qu'on met en doute des machines ? En 1987 ? Est-ce qu'on met en doute la télévision, l'ordinateur ? Voyons donc ! *

* (voir à la fin « Méthodes de datation »)

La marge d'erreur peut être plus ou moins grande, même très grande, tous les systèmes disent la même chose : la planète Terre est très vieille. Le Soleil et le système solaire en entier se sont formés il y a plus de quatre milliards d'années.

En tous cas, le chiffre de 6000 ans est impensable. Par exemple, il est impossible de faire entrer les dinosaures entre l'Éden et le Déluge. L'Homme n'a jamais cohabité avec les dinosaures. L'Homme n'a jamais chassé le dinosaure. Le dinosaure ne fait pas partie de l'histoire de l'Homme. Et la paléontologie nous dit que les reptiles géants ont dominé la Terre pendant 130 millions d'années. Il n'y a aucun dessin de dinosaures dans les grottes des hommes préhistoriques. À l'époque des dinosaures, il y a plus de 65 millions d'années, notre ancêtre était une sorte de souris ; heureusement trop petite pour intéresser un dinosaure. Même les paléontologues les plus croyants, admettent que l'Homme n'a jamais vu de dinosaures vivants. (3)


Revenons au livre

Je suis essoufflé. J'ai déjà six feuilles manuscrites de remplies et je n'ai pas encore utilisé mes notes prises pendant la lecture du livre. En fait, j'aimerais que toi-même, tu lises le livre car finalement, il explique assez bien certaines parties de la théorie de l'évolution. La section « biologie », page 143, est à lire. L'auteur frappe ici en bas de la ceinture en démolissant différentes théories qu'il appelle lamarckisme, mutationnisme, darwinisme et qu'il présente, à tort, comme différentes parties de la théorie de l'évolution. Ce sont plutôt des théories passées qui ont mené, à divers degrés, à l'élaboration de la théorie actuelle. C'est comme si l'auteur voulait démolir le Boeing 747 en critiquant l'avion à deux ailes. L'avion à deux ailes n'a été qu'une étape dans l'histoire de l'aviation et ses défauts n'ont rien à voir avec le Boeing 747 actuel. (page 154)

Dans le chapitre « biologie », qui va de la page 143 à 212, l'auteur a éparpillé toutes les preuves de l'évolution, afin de les diluer, de les faire paraître « insignifiantes », pour arriver à mieux les contrer. Par exemple, à la page 151, il critique Darwin, en disant que les mutations ne sont pas toutes héréditaires. Mais qu'est-ce que cela vient faire ici ? On ne doit pas tenir compte des mutations non héréditaires. On n'en parle même pas ! Darwin ne tient compte que des mutations qui sont héréditaires. Voyons donc !!! D'accord, cela fait baisser le nombre total des mutations, mais cela ne change rien. Une mutation non héréditaire ne regarde en rien la théorie de l'évolution. En parler ici ne démontre que deux choses. Ou bien l'auteur veut mêler son lecteur, ou bien il ne comprend pas la théorie de l'évolution.

Parlons des mutations

Une mutation c'est un changement dans le code génétique d'un individu*. Les mutations sont rares et lorsqu'elles se produisent, elles sont souvent néfastes. Mais les créationnistes, malgré leurs critiques, sont trop généreux. Imprudemment, ils avancent souvent des chiffres sur les taux de mutations. On nous concède généralement, un mutant sur mille individus et on dit que 98 % de ces mutations sont régressives ou même mortelles. Soit. Cela veut dire que j'en ai deux sur un million qui sont bonnes, c'est-à-dire évolutives. C'est bien trop ! Cela voudrait dire, qu'à cette minute même, il y a sur la terre 10,000 surhommes.

N'oublions pas qu'il y a 5 milliards d'êtres humains sur la terre. Une mutation avantageuse (même très légèrement) par milliard d'individu, est suffisante pour la théorie. Dans cent ans, les 5 milliards d'individus actuels auront été remplacés totalement par 5 milliards d'autres.

Les strates

Le Grand Canyon du Colorado est sûrement une des plus belles manifestations de l'âge vénérable de la planète Terre. Un immense plateau de 1500 mètres d'épaisseur. Des milliers de couches de sédiments dont certaines très minces. Ces couches ou strates, contiennent des reliques fossiles du passé, tant animales que végétales. L'analyse de ces fossiles montre une évolution ou du moins un grand changement de leur nature, en partant du bas vers le haut. Dans les conditions actuelles de variations climatiques et d'érosion, tous les spécialistes s'accordent pour dire qu'il faudrait des millions d'années à la nature pour fabriquer un tel gâteau.

Bien sûr, en mettant de côté toute objectivité scientifique, on peut imaginer des conditions qui auraient permis la formation de ce plateau en quelques siècles. Mais ces conditions seraient si extrêmes qu'elles n'auraient manqué de provoquer d'autres effets ayant laissé des traces. En d'autres mots, elles seraient vérifiables.

Admettons, comme le suggère l'auteur, que le déluge ait marqué le début d'une nouvelle Terre et que le plateau du Colorado se soit constitué très rapidement à ce moment. Admettons également que la nature différente des fossiles selon leur hauteur ne soit due qu'à leur provenance et que le fait que les moins évolués se retrouvent en- dessous, ne soit que l'effet du hasard.

Il demeure, qu'une petite rivière, qui coulait jadis sur le dessus du plateau, s'est creusé un canyon d'une profondeur de 1500 mètres dans la roche. Devrais-je aussi admettre que cela s'est fait depuis le déluge, soit depuis moins de 5000 ans ? Non, vraiment là, c'est impossible. L'histoire du Grand Canyon s'étend sur des millions d'années.

Tu vas me dire que le plateau était déjà là et que l'effet du déluge a plutôt été de creuser le canyon. Mais alors, nous avons un autre problème. L'auteur lui-même est catégorique, une telle épaisseur de strates, étendue sur des dizaines de kilomètres carrés ne peut qu'être le résultat d'une immense catastrophe, en l'occurrence, le déluge, rapporté dans la Bible. Donc, ou bien le déluge a provoqué l'édification, en un an, du plateau du Colorado et la rivière l'a creusé lentement après coup, ou bien le déluge l'a creusé en un an (en y laissant, l'air de rien, une petite rivière au fond), et il faudra admettre que la nature avait pris des millions d'années à le construire.

Le sable

Quittons le Grand Canyon et parlons d'un autre sujet qui regarde la géologie : le sable. Je suppose que selon le créationnisme, Dieu a créé le sable au moment où il a créé la terre. Nous savons aujourd'hui, que c'est la mer qui fabrique le sable en brassant les roches sur ses rivages. Je pense aux magnifiques plages des mers du sud, aux kilomètres de sable blanc et fin. Faire un sable aussi fin, ça prend beaucoup, beaucoup de temps.

Naturellement, le sable est toujours de la même composition chimique que la roche qui se trouve dessous, puisque c'est de l'effritement de cette dernière qu'il provient. Alors, si le dieu créateur a placé du sable sur les plages pour le bon plaisir des baigneurs, pourquoi, dis-le-moi, a-t-il mis du sable fait à partir de la roche locale ??? Tant qu'à créer du sable, il aurait pu le faire aussi doux, mais de composition différente de la roche adjacente. Nous aurions eu là une preuve de sa toute puissance et de son infinie bonté pour les pieds des vacanciers. Au contraire, son sable est en tous points semblable au sable qui serait dû à une simple érosion des rivages, frappés par les vagues et les marées pendant des millions d'années. Encore une fois, on a affaire à un dieu cachottier. Dommage. Comment aussi expliquer le sable dans les déserts ? C'est sûrement un coup de Satan. Il a le dos large, Satan, profitons-en !


Les fossiles vivants

En relisant mes notes et les passages du livre où l'auteur nous parle avec hilarité des « fossiles vivants », je sens ma pression qui monte et ma colère qui gronde. Non vraiment, nous avons ici la preuve définitive que l'auteur ne comprend pas la théorie de l'évolution.

Page 131, en haut, on dit que les fossiles vivants « ...constituent une véritable énigme pour les évolutionnistes. » C'est complètement faux ça ! D'abord, voyons si je comprends bien ce que l'auteur veut dire par « fossiles vivants ». D'après moi, il pense à un spécimen, appartenant à une espèce très primitive, espèce prétendue avoir donné naissance à d'autres espèces plus évoluées, et que l'on retrouve encore aujourd'hui, bien vivant et prospère. Mais tout cela est très normal et il n'y a pas lieu de faire les gorges chaudes. L'évolution est essentiellement accidentelle. Elle frappe un individu, pas l'espèce.

Comme je l'ai expliqué plus haut, l'individu qui naît différent, à la suite d'une mutation héréditaire, peut soit en mourir, ou bien donner naissance à une nouvelle lignée. Cette nouvelle lignée survivra ou s'éteindra selon qu'elle est plus ou moins viable. Cela n'implique en rien la disparition totale ou partielle de la race originelle. Si elle est, elle-même, viable et que les conditions extérieures lui sont favorables, rien n'interdît sa survie. Pourquoi en serait-il autrement ? Rien non plus, n'interdît, à l'intérieur de cette même espèce, qu'une autre mutation, ne soit le point de départ d'une autre lignée. Autrement dit une même espèce peut être souche de plusieurs autres, mais toujours par le biais d'un seul individu à la fois. Donc, c'est une erreur de dire que c'est l'espèce qui évolue ; ce sont les individus qui évoluent et qui, lorsqu'une lignée n'est plus viable, peuvent prendre toute la place. Ce dernier cas est cependant l'exception. La plupart du temps, la race mère continue à prospérer. L'huître est un bel exemple. C'est une souche qui a d'innombrables rameaux, mais qui est si bien adaptée à son milieu, qu'elle n'est pas près de disparaître.

Revenons à notre exemple de chevreuil. Après quelques milliers d'années d'intenses glaciations, nous avons vu qu'il ne reste que quelques spécimens vivants et naturellement ils sont tous de la race à fourrure épaisse. Tous les « frileux » ont disparus. Les frileux du nord ont été tués par le froid, ceux qui ont migré vers le sud ont tous été mangés par les couguars et les loups. Tous, sauf une toute petite colonie d'une trentaine d'individus, sauvée par chance au fond d'une petite vallée isolée jouissant d'un microclimat particulièrement chaud. C'est un scénario très plausible. Alors, avons-nous ici les ancêtres de futurs « fossiles vivants » ? C'est très possible. Mais nous voyons qu'il n'y a rien « d'énigmatique » dans tout ça.

Reprenons l'exemple des avions. L'avion à deux ailes a vieilli et on connaît aujourd'hui des modèles plus pratiques et plus performants. Mais l'avion à deux ailes n'a pas disparu. On en trouve encore, et des tout neufs. Tant qu'il y aura un marché et des acheteurs pour ce genre d'avion, les fabricants en construiront. En d'autres mots, tant que ce produit sera viable sa survie sera assurée.

Un dernier exemple, chez la race humaine. Que l'on soit évolutionniste ou créationniste, on doit bien admettre que un jour, quelque part, est né le premier homme roux ou la première femme rousse. Peu importe où et quand c'est arrivé, il a bien fallu qu'il y en ait un premier ; ce genre de phénomène est dû à une mutation. Cette mutation était sûrement héréditaire puisque après coup, est apparu la lignée des « rouquines et des rouquins », lignée, elle-même, sous-division de la race blanche. Si le fait d'être roux avait assuré une meilleure survie, la lignée aurait prospéré au dépend des bruns et des blonds et aurait peut-être pris toute la place. C'est peut-être ce qui ce passe présentement, sans que nous ne nous en apercevions. Si au contraire la « rousseur » s'était révélée être un facteur négatif pour la survie, la lignée se serait éteinte. Encore là, peut-être est-elle en train de s'éteindre présentement. Je le répète : les enfants ne voient pas bouger les aiguilles de l'horloge, et pourtant elles avancent.


L'énergie

Certains auteurs évolutionnistes voulant expliquer la théorie, utilisent souvent la tournure de phrase suivante : « ...la Nature faisant des essais ». Attention, ce n'est qu'une image. Il n'y a pas, derrière cette image, de plan préconçu ou de volonté intelligente. Il n'y a que des quantités énormes d'énergie et le hasard. De la matière brute, de l'énergie et le hasard.

Les sources d'énergie dont se nourrit l'évolution, sont bien connues :

Il y a d'abord le Soleil. Notre étoile. Sans la chaleur du soleil, le mouvement chimique des atomes et des molécules cesse. Sans la chaleur du soleil, cessent aussi le déroulement des saisons, le vent, les tempêtes, le gel et le dégel, la pluie et les chutes d'eau, en somme le mouvement. L'énergie calorifique du soleil est la source de toute l'énergie mécanique sur la terre. Sans soleil au firmament, plus rien ne bouge sur terre. Plus de vents, plus de vagues, plus de pluies, plus de vie ; c'est la désolation et la mort.

Il y a ensuite la Gravité. Le cycle de l'eau est un phénomène primordial dans l'apparition de la vie. C'est le soleil et la gravité qui font tourner le cycle de l'eau. À cause du soleil l'eau s'évapore, puis la gravité la ramène en pluie, du haut des montagnes, en torrents, en rivières et en fleuves jusqu'à la mer, en bas. La gravité est aussi le moteur des marées, cet immense brassage perpétuel qui, entre autres effets, fabrique du sable à la tonne. Nous devons aussi à la gravité, la chaleur interne de la terre, l'activité volcanique, les tremblements de terre et les déplacements de l'écorce terrestre.

Les autres sources d'énergie sont beaucoup moins importantes. Il y a les rayons cosmiques, ces particules qui arrivent de l'espace, à des vitesses vertigineuses. Ces rayons sont responsables de beaucoup de mutations. Ils sont responsables aussi de beaucoup de cancers. Il y a aussi la radioactivité des roches terrestres, qui peut provoquer des effets semblables à ceux des rayons cosmiques.

Il faut voir la Terre comme une petite machine à fabriquer la vie. Petite et immense à la fois, elle tourne inlassablement autour de son étoile, source de chaleur et d'énergie. Par des mouvements mécaniques innombrables et parfois très complexes, la machine combine la matière. Des milliards de combinaisons, répétées des milliards de fois. Un jour, est apparu sous une forme simple et primitive, la vie. Le plus gros pas était franchi.

On peut s'étonner et même refuser de croire qu'une telle machine, malgré sa complexité et le temps dont elle a disposé, ait pu fabriquer la vie. Mais il y a probablement des milliards de machines semblables dans notre galaxie et il existe des milliards de galaxies. Avec de pareilles probabilités, on ne doit pas se surprendre outre mesure, d'obtenir un beau jour, une réussite. Parce qu'après tout, sur des milliards et des milliards d'essais, nous ne pouvons vraiment attester qu'une seule réussite. Cette réussite, c'est nous.

Nous sommes le numéro gagnant d'une super loterie, et non les enfants gâtés d'un dieu magicien.


Le déluge

C'est incroyable de voir qu'à partir d'une légende, racontée dans un très court texte absolument non scientifique, écrit des milliers d'années après le fait, on puisse échafauder une telle structure de suppositions qui devraient expliquer l'état actuel de la terre. Dieu aurait créé la terre, avec une certaine forme, puis l'aurait complètement transformée au moment du déluge et ne lui aurait plus retouchée depuis.

Il faut vraiment avoir une foi plus dure que la pierre pour entreprendre d'écrire un livre sur le déluge alors qu'aucune école scientifique ( même petite et marginale ) autre que l'école biblique fondamentaliste, ne mentionne même une petite possibilité de traces d'un déluge universel dans l'étude de l'histoire de la terre. Non personne n'en parle, sauf la tradition orale hébraïque. Je dis bien tradition orale, car nous parlons d'une époque où l'homme ne connaît pas l'écriture.

Première question : Pourquoi les Hébreux sont-ils les seuls à avoir gardé souvenir de ce haut fait historique ? Pourquoi les Incas ou les Aztèques, qui auraient eux aussi, pour grand-père, le même Noé, ne s'en souviennent-ils plus ? Même les Égyptiens ou les Grecs, peuples beaucoup plus évolués que les Hébreux n'en font aucune mention et ne semblent pas en avoir gardé traces dans leurs mémoires collectives.

Tous les peuples de la terre ont hérité de leurs ancêtres de contes et légendes à propos des dieux et de la création du monde. Les Hébreux ne font pas exception. Mais pourquoi prétendre que leurs légendes à eux, sont vraies ? Sur quels faits peut-on baser pareille affirmation ? L'auteur nous dit, page 237, dernier paragraphe : « Les légendes innombrables du déluge, que l'on retrouve chez presque tous les peuples de la terre... celui que la Bible raconte et que nous allons étudier de plus près. » Bon ! Pourquoi celui de la Bible serait-il vrai si les autres sont des légendes ? Et aussi, quels autres ? L'auteur nous renvoi à un vieux livre : « Le folklore dans l'Ancien Testament » publié en 1924. Quant à moi, un récit de déluge « universel » dans lequel tous les hommes auraient péri, je n'en connais pas d'autres que celui de la Genèse.

Il est sûrement possible de trouver, chez d'autres peuples, des récits de déluges, qui ne sont finalement que des récits de tempêtes ou d'inondations importantes, amplifiés par la tradition orale. Mais personne, je dis bien personne, n'a gardé souvenir du grand-père Noé et de son zoo flottant. Sauf peut-être un très vieux récit mésopotamien qui serait en fait, la source de l'inspiration du texte de la Bible. Les Juifs en auraient pris connaissance lors de leur exil à Babylone.

Page 222 en haut, on dit : « Tout le monde s'accorde... », c'est facile à dire ça, « Tout le monde s'accorde... » oui, tout le monde s'accorde pour dire que le texte hébreu est plus concis, plus court, moins détaillé... Je ne vois pas là d'intervention divine. Soit que l'auteur hébreu n'avait pas le texte sumérien original et qu'il n'en avait en mémoire que les grandes lignes, ou bien, peut-être, ne voulait-il simplement pas trop insister sur un passage qu'il trouvait, peut-être, lui-même, peu important.

D'ailleurs, les historiens nous disent que l'histoire du peuple hébreu commence avec Moïse. La période d'Abraham, Isaac et Jacob est imaginaire et a été rajouté plus tard. Et encore plus tard, on a ajouté les courts récits de la création du monde, de l'Éden, de Noé et du déluge etc. qui tiennent en quelques pages et qui voulaient uniquement démontrer que le Dieu des Hébreux était bien le même qui avait fait la terre et qu'il fallait le craindre car Il était assez puissant pour la détruire.

Quelques difficultés

L'auteur nous dit que le paysage antédiluvien était très différent de ce que nous connaissons aujourd'hui. Il avance, totalement gratuitement, page 228, que « ...la hauteur des montagnes ne dépassait pas 2000 mètres et que la profondeur de la mer n'excédait pas 1000 mètres. » D'après lui, « ...le climat était doux à la grandeur de la terre, même aux pôles. » (p.233) Et « ...les roches étaient moins dures en ce temps que les roches d'aujourd'hui. » (p.239)

Ça c'est un peu fort ! L'auteur avoue lui-même devoir faire ces suppositions de sa propre initiative, car la Bible n'en parle pas. Et nous sommes en pleine fin du vingtième siècle ! Le siècle de la science, le siècle de l'objectivité. Si l'auteur se permet aujourd'hui de telles grossièretés dans un livre scientifique qui se veut rationnel, comment alors ne pas imaginer les libertés qu'ont dû se donner les rédacteurs de la Bible, eux qui baignaient dans le surnaturel et le mysticisme.

Même chose avec les « espèces » animales embarquées dans l'arche. L'auteur suggère que ce devait être des « genres » ou des « familles » plutôt que des espèces. Probablement, espère-t-il de cette façon, arriver à un nombre plus petit, qui serait plus compatible avec la grosseur estimée de l'arche.

Quant au mode de vie de cette ménagerie pendant un an et 17 jours dans l'arche, il suggère que peut-être, ces milliers de bêtes étaient en une sorte d'hibernation... bien qu'il ne puisse expliquer ce phénomène. Page 227, en haut : « Nous ne sommes pas en mesure de préciser les conditions biologiques ayant produit cette hibernation ».

Miracle ? Sûrement, mais ce n'est pas tout. Après, que s'est-il passé après le déluge. Admettons que les 2000 mètres d'eau qui recouvraient la terre ont disparu comme ils étaient venus, c'est-à-dire par intervention divine. ( En fait, d'après l'auteur, l'eau n'a pas disparue ; ce sont plutôt les continents qui ont émergé en même temps que les mers se creusaient. Difficile à croire, mais admettons ! ) Cette terre qui apparut après un an d'immersion, de quoi avait-elle l'air ? On n'en dit rien. On dit que Noé fit du vin. Mais avec quels raisins ? La terre à ce moment n'est qu'un vaste champ de boue recouvert de cadavres et de pourriture. La végétation est complètement lessivée. Comment cela a-t-il pu repousser ?

Et qu'est-il arrivé aux animaux sauvés par Noé ? ( D'après la Bible, Noé en brûle lui-même quelques-uns uns pour remercier le bon Dieu ) Mais les autres ? En quittant l'arche, ils n'ont plus de nourriture. S'ils se mangent entre eux, ils font disparaître l'espèce. S'ils ne mangent pas, ils mourront avant d'avoir une progéniture. C'est complètement ridicule !


À quoi bon

J'ai l'impression d'écrire tout ce texte pour rien. Les gens sensés ne croient pas à ces légendes. Et ceux qui y croient sont certainement malades de la foi et leur cerveau lessivé est complètement bouché à tout argument qui met en doute l'existence de leur dieu chéri. C'est pour eux un besoin, pire qu'une drogue.

Pourtant l'auteur patine avec habileté. Par en avant... par en arrière. Tantôt rationnel comme la science, tantôt émotif comme la foi. À la page 226, troisième ligne du bas, on lit la phrase qui scelle tout : « Certes, à Dieu tout est possible... mais il nous semble qu'une solution plus conforme à nos esprits rationnels du vingtième siècle peut être donnée. »

Coup d'cochon ! Qu'est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que si on trouve une explication scientifique, c'est sûrement la bonne et on valide la Bible du sceau de la science, mais si on n'en trouve pas... c'est pas grave ! On est « backé »... C'est Dieu qui, en sa divine sagesse et à cause de son immense amour pour ses créatures, ne veut pas trop nous ennuyer avec des explications compliquées. Il intervient alors, de façon divine et surnaturelle, selon Son divin Plan. Mais sitôt qu'Il le peut, Il laisse agir les forces de la nature et abandonne les Hommes à eux-mêmes.

C'est formidable ! Les rédacteurs de la Bible réussissent à nous faire croire que c'est par bonté que le dieu se cache derrière les phénomènes naturels qu'il commande à volonté, comme en poussant sur des boutons. Une petite tempête par-ci, un petit tremblement de terre par-là, une épidémie de peste, une autre de sauterelles... le dieu est aux contrôles. Mais lui, LUI !, on ne le voit jamais. C'est un timide. Ou bien un cachottier.

Moi, si je dois être châtié, je demande à mourir de Sa Main, directement, non dans une stupide inondation, dont je ne saurai jamais si elle est accidentelle ou le résultat d'une de Ses divines interventions.

En d'autres mots, le bon Dieu, il se donne bien du mal. Et le déluge n'est qu'un exemple parmi tant d'autres. Pourquoi n'a-t-il pas simplement fait mourir les méchants de leur belle mort ? Ou mieux encore, si c'est vrai que « à Dieu tout est possible... », pourquoi n'a-t-il pas mis juste un peu de bonté dans le coeur des Hommes ? Il aurait ainsi évité le carnage. Et vu d'en haut, le spectacle aurait sans doute été beaucoup plus beau.


666 - Le Diable

En terminant, parlons du Diable. Je n'en parle pas souvent car je n'y crois pas non plus ; en fait j'y crois encore moins qu'au Dieu.

D'ailleurs, même beaucoup de chrétiens n'y croient pas. Pour moi, le Diable c'est une autre belle invention qui permet d'expliquer facilement tout le mal qu'il y a dans le monde, malgré la supposée infinie bonté du Dieu. Le Diable doit exister afin de justifier la piteuse situation dans laquelle se trouvent les Hommes, eux qui ont été créés pour être heureux par une divinité toute puissante et infiniment bonne.

Le Diable, c'est l'excuse de Dieu. Tout ce qui va de travers, et il y en a, (mets-z-en !) ce n'est jamais de la faute de Dieu, c'est le Diable. Dieu est bon, Satan est mauvais. C'est simple, un enfant peut comprendre cela. Pourtant, à mon avis, c'est bien trop simple. Le monde ne peut pas être si compliqué et si simple en même temps.

En toute logique, c'est le Diable qui aurait dû être cloué sur la croix. À ce moment là, la Croix aurait un véritable sens de changement pour l'humanité. Ce n'est pas en martyrisant ce pauvre Jésus et ses amis, qu'on va ralentir les activités du Diable, bien au contraire.

Et on ne le voit pas, lui non plus. Il joue au fantôme. Il fait partie de la même équipe de courant d'air avec Dieu, les extraterrestres, les loups-garous, Dracula etc. Tous ces célèbres personnages sont des créations de l'inconscient collectif.

Je t'en donne une petite preuve : il y a quelques siècles, il n'y avait pas de soucoupes volantes ni d'extraterrestres. La Terre était à cette époque une étendue aux limites inconnues, entourée d'une sphère de petits luminaires et il n'y avait pas du tout de place pour des extraterrestres. Pourtant, il y avait des anges, des démons ou des sorciers (ères) qui se promenaient sur des chariots de feu.

Avec le vingtième siècle et la technologie, les Hommes ont découvert un univers immense, des milliers de mondes dans un espace semblant infini. Tout à coup, on s'est mis à voir des soucoupes volantes. Et puis, les soucoupes ont atterri, des passagers en sont sortis et ils nous ont livré des messages. Pourtant, rien de tangible, rien d'officiel, rien de palpable. On en parle beaucoup, on écrit des livres, on fait des films ; beaucoup d'émotions mais pas de preuves. On nous demande de CROIRE. Allez les naïfs, les épais, n'ayez plus peur, croyez !!! « N'ayez pas peur. » J'ai déjà entendu cela quelque part. Ca doit être encore le Diable. (?)

Bon soyons sérieux !

Soyez sérieux. Toute cette histoire de dieux et de diables ne tient pas debout. S'ils existaient, on les verrait, on en verrait des traces. Surtout que d'après les croyants, les dieux ont l'air de drôlement nous surveiller. Mais où sont-ils cachés ? D'où nous surveillent-ils ?

La Terre est une poussière dans l'espace. Si un géant pouvait tenir le Soleil au creux de sa main, il serait incapable de voir la Terre qui ne serait qu'un grain de sable à trente pieds de lui. J'ai fait un petit calcul qui m'a surpris moi-même : Notre étoile le Soleil, fait partie des deux cent milliards d'étoiles qui composent la galaxie. La galaxie est un immense amas d'étoiles en forme de spirale que nous appelons la Voie Lactée. Si on faisait entrer la galaxie dans le stade olympique, eh bien, le Soleil, étoile moyenne, verrait son diamètre se mesurer en... tiens-toi bien, millionièmes de millimètre ; 1.5 x 10 mm.

Un spectateur, penché au-dessus du stade (ouvert) et admirant la galaxie, ne verrait comme étoiles, que les super-géantes, Sirius, Capella, Arcturus. Le reste lui apparaîtrait sous forme de nuée lumineuse et notre cher Soleil serait une de ces parcelles de lumière formant la nuée. Quant à la Terre, 109 fois plus petite que le Soleil, elle serait complètement invisible, même en s'approchant juste à côté.

Imagine la Galaxie tournant lentement dans le stade olympique. Quel merveilleux spectacle. Deux cent milliards d'étoiles, pour la plupart impossibles à distinguer à l'œil nu, mais formant des nuages de lumière. Le Soleil, pour nous si gros, devient à cette échelle, une poussière invisible. Et les planètes, de la poussière de poussière. Mais voyons, j'oublie quelque chose. Il y a quelque part dans ces nuées, une planète bien spéciale, qui, il y a 6000 ans, a été créée à partir de rien par un dieu. Le dieu d'Abraham et de Jacob. Sur cette planète il y a la vie, et le dieu la surveille et il intervient dans tout ce qui s'y fait, jusque dans le détail.

Mais où est-elle, cette planète ? De la poussière de poussière, flottant dans la galaxie. Deux cents milliards d'étoiles. Et notre Soleil est une étoile moyenne, ni grosse ni petite. Par rapport à la galaxie, il n'est ni au centre, ni au bord. Quelque part, plus près du bord que du centre, dans la poussière de lumière, tournant lentement autour du centre, complétant son tour en deux cents millions d'années.

Où est-il, le dieu ? Où est-il, le diable ? Où est Jésus ? Accoudés au bord du toit du stade, nous regardons tourner la galaxie et ces questions nous font sourire. Et nous levons la tête, et nous voyons des milliards de galaxies.


Conclusion

Sciences ou Croyances ?

En Amérique, 94 % des gens se disent croyants. Par chance, ils ne croient pas tous la même chose, car alors, ils formeraient une masse si lourde qu'il pourrait devenir dangereux d'afficher sa divergence ou son athéisme.

La grosse majorité de ces croyants n'a aucune connaissance d'ordre théologique, très peu de connaissances historiques et une connaissance très superficielle et passablement déformée du récit biblique. Bref, ils croient en Dieu, mais sont incapables d'expliquer pourquoi. C'est pour eux un réflexe, ils croient d'instinct. La mort les angoisse, alors ils préfèrent croire à un Dieu qui les attend au ciel. L'idée, que l'Homme eut jadis un ancêtre qui ressemblait à un singe, leur répugne, alors ils aiment mieux croire à une création divine. Finalement, croire c'est facile, c'est rassurant et cela permet d'accepter les petites difficultés de la vie.

Croire est chez l'Homme un réflexe inné. Il vient au monde avec le besoin de croire. L'Homme seul se sent vulnérable et menacé. Il a peur. C'est pourquoi il cherche à se joindre au groupe et pour cela il accepte volontiers les croyances du groupe. Il est prêt à croire n'importe quoi, pourvu que ce soit rassurant. Bouddha, Krishna, Jésus, Allah, les guérisseurs, l'astrologie, le tarot, les extraterrestres, le croyant a le choix.

En occident, la liberté de croyance est aujourd'hui totale et on voit naître des groupements aux idées les plus fantaisistes. Il y a les adorateurs du Petit Orteil, le culte de la Grenouille Bleue etc. Tous sont convaincus que leur croyance est la bonne et la seule vraie. Certains sont même prêts à mourir pour leur foi. En 1987, on assiste encore, oh misère, à des guerres de religion. Tout le monde se dit dans son droit, tout le monde a raison.

Mais non ...

Non, non c'est impossible, tout le monde ne peut pas avoir raison. Et moi je dis que si tout le monde n'a pas raison, alors personne n'a raison. Eh oui, qui alors serait dans le vrai ? Comment démêler le vrai du faux ? Et pourquoi un individu ou un groupe aurait-il la vérité alors que tous les autres sont dans l'erreur ? S'il existait un vrai Dieu, les Hommes n'auraient pas eu besoin d'en inventer mille.

Voici une bonne question : pourquoi l'Homme a-t-il une si grande tendance à s'inventer de faux dieux ? Si, comme tu sembles le dire, il y a un vrai Dieu, alors tu es bien forcé d'admettre que tous les autres sont faux. Pourquoi parmi tous ces faux dieux, y en aurait-il un de vrai ?

Les gens n'ont aucun effort à faire pour adhérer à une croyance. Ceux qui étudient la Parole du Prophète sont l'exception. Les fidèles sont recrutés à la criée et il est plus facile d'entrer dans une religion que de devenir membre d'un club social. Donc le fait qu'une religion puisse regrouper des millions de fidèles n'ajoute rien à sa crédibilité.

L'incroyance

Si la liberté de croyance a grandi, on ne peut pas en dire autant de la liberté d'incroyance. Bien sûr, aujourd'hui on ne brûle plus sur le bûcher. Mais celui qui décide d'afficher publiquement son athéisme doit se montrer prudent. On le prendra d'abord pour un farceur, un « sauté » et un menteur. -« Des athées, ça n'existe pas. » Nous assure-t-on avec autorité. -« Ben voyons, y faut bien qu'y ait un Être Suprême ! » -« Ça ne s'est pas fait tout seul, tout ça. » Ou encore. -« Si on est là, il faut bien qu'il y ait une raison. »

Si l'athée essaie de répondre à ces objections, il doit faire part de certaines connaissances scientifiques. À ce moment, on se sauve de lui ; il passe pour un prétentieux qui connaît tout. Un Ti-Jos Connaissant qui se prend pour un autre. Et on s'empresse de changer de sujet.

Les humains n'aiment pas du tout qu'on leur montre l'étendue de leur ignorance.


Il y a un fait certain, c'est que plus les gens sont instruits, moins ils sont croyants. On dirait qu'il n'y a pas de place dans une même tête pour la science ET la croyance. Bien sûr, de temps en temps, on verra un doctorat accroché au mur à côté d'une croix, mais ce sera l'exception. En tous cas, les 6 % d'incroyants d'Amérique, se retrouvent en majorité parmi les intellectuels et les gens attirés par les sciences.

Je dois reconnaître que cela est un phénomène très nouveau. Il n'y a que quelques années que la science est en mesure de répondre aux questions que l'Homme instruit peut se poser sur l'existence et la vie. Il y a bien longtemps, la Terre était plate et la neige et la grêle étaient entreposées dans des greniers célestes ( Job 38, ). Puis, il y a eu Pythagore, Aristote, Copernic, Galilée, Newton et Darwin (4). Les dieux étaient devenus inutiles. Presque tout maintenant, s'expliquait sans eux. Oui tout, sauf peut-être la nature humaine.

C'est, qu'entre temps, un certain Paul de Tarse, dit Saint-Paul, sentit le besoin de lancer une nouvelle religion basée sur les écritures hébraïques et sur l'histoire d'un certain Jésus, mort quelques années plus tôt et que Paul n'a jamais connu. D'après Paul ce Jésus aurait été le Sauveur promis, selon les Écritures par le dieu Yahvé, à son peuple choisi. L'idée géniale de Paul fut de dire aux Hommes que pour trouver Dieu, il ne faut pas regarder vers le ciel, mais plutôt dans son coeur. Cette idée a bouleversé le monde.

Beaucoup plus tard, des hommes comme Sigmund Freud et Carl Jung ont réussi à démystifier le coeur de l'Homme. Mais on n'efface pas facilement 20 siècles de croyances. Il est facile de démontrer que le tonnerre est un phénomène naturel qui n'a pas besoin de Dieu pour se produire. Mais ce qui se passe dans le coeur de l'Homme, ou plutôt dans son cerveau, est beaucoup plus difficile à comprendre.

Avec le vingtième siècle, le progrès scientifique a littéralement éclaté. D'abord Einstein, Neils Bohr et plusieurs autres (5) nous démontrèrent que les choses réelles comme la matière ou l'univers étaient encore plus mystérieuses que l'idée qu'on se faisait généralement des dieux. Avec la physique quantique, par exemple, le réel devint encore plus fantastique que l'irréel.

Puis arriva la radio, la télévision, les satellites. L'Homme fut en mesure de connaître son environnement de l'infiniment petit à l'infiniment grand et, nulle part, il ne vit trace de dieux (ou de Dieu). Mais malgré tout, il manquait quelque chose pour vraiment « sortir » Dieu de l'univers. Ce quelque chose, c'était le BIG BANG.

Dans les années vingt, on commença à constater que l'univers n'est pas immobile, il est en expansion. Quelle que soit la direction où nous regardons, les galaxies semblent s'éloigner de nous. Imaginons que ce que nous voyons dans le télescope est l'image d'un film et retournons ce film à l'envers. Nous voyons alors toutes les galaxies se rapprocher les unes des autres. À un moment donné, toute la matière de l'univers se retrouve en un seul point immensément dense et immensément chaud. Nous venons de remonter le temps d'environ 15 milliards d'années. C'est le début de l'univers, c'est le BIG BANG. (6)

Cette théorie qui date de 1937 a depuis été plusieurs fois confirmée par des découvertes qui ont souvent mérité à leurs auteurs le prix Nobel de physique. Depuis une vingtaine d'années, il est devenu de plus en plus difficile à un scientifique de croire en Dieu. Beaucoup l'ont réduit à une sorte d'Être Suprême très lointain et assez nébuleux et ils n'attendent que la bonne occasion pour l'éliminer de leur esprit.

Cette occasion, ce serait peut-être la tenue d'un grand débat international sur ce sujet. Ce qui manque présentement ce n'est peut-être que l'expression de l'opinion de certaines éminences du monde scientifique. Mais ces gens là ne parlent pas de Dieu. Ce n'est pas leur domaine. Pour plusieurs d'entre eux, Dieu, l'astrologie ou les esprits frappeurs, c'est la même chose et parfois les dénoncent-ils à mots couverts sous le terme général de superstitions.

Certains événements toutefois, font parfois réagir les penseurs scientifiques. Par exemple, lorsqu'aux États-Unis, certains groupements, au nom de la liberté de croyance, intentent des procès à des écoles ou des universités pour les forcer à enseigner la théorie créationniste au même titre que l'évolution. Ces procès font habituellement la manchette et on voit à ce moment des savants s'avancer sur la place publique et émettre leur opinion.

On lira de temps en temps dans les revues scientifiques, un manifeste un peu plus virulent contre les mythes et les croyances. Mais en général, les scientifiques ne cherchent pas la controverse. Aux États-Unis, en particulier, où les mouvements religieux sont supers riches et puissants, il vaut mieux faire attention à ce que l'on dit. Il faut être prêt à accepter certaines conséquences lorsqu'on déclare à 94 % de la population, qu'elle se trompe.

Pourtant plusieurs l'ont fait : Carl Sagan, Richard Feynman, Isaac Asimov (7) et plus près de nous, d'une façon encore plus claire et sans équivoque, notre auteur scientifique, monsieur Hubert Reeves. (8)

Hubert Reeves a écrit plusieurs livres dans lesquels il ne cache pas son agacement à l'égard des mythes et des croyances. Mais ce n'est que dans son tout dernier ouvrage, « L'heure de s'enivrer », qu'il exprime clairement son désaccord sur l'utilisation des croyances au surnaturel pour manipuler les masses. Dans la dernière partie de son livre, « une note d'espoir », H. Reeves exprime très bien l'idée que je veux moi-même avancer. Il dit : « Ce n'est pas la morale qu'il faut changer, mais les fondements de cette morale. »

Justement parce que je suis persuadé que l'Homme a besoin de la morale pour survivre, il faut que cette morale repose sur des bases solides et inébranlables. Cela n'est plus le cas aujourd'hui. Les dieux et les mythes ont fait leurs temps. L'Homme moderne a besoin de concret et il n'y a rien de plus concret pour l'Homme que l'Homme lui-même. Une morale, basée sur la réalité humaine, inciterait au respect de la vie, de l'environnement et de la planète.

Si demain matin, on annonçait au monde entier, d'une façon irréfutable, que les Dieux n'existent pas, que se passerait-il ? Ce ne serait pas l'anarchie, bien au contraire. Après un moment de surprise, l'humanité évoluerait très rapidement vers un plus haut degré de maturité. Comme l'enfant à qui on révèle que le Père Noël n'est qu'une blague. Ou, plus douloureusement, comme l'enfant qui apprend que ses parents viennent de mourir dans un accident. De ces moments pénibles, on sort toujours plus adulte et avec un plus grand sens des responsabilités.

Est-ce le bon moment ?

Est-ce le bon moment, en 1987, de débattre de ces questions ? Rudolph Augstein (9) nous dit qu'il se sentira impliqué « aussi longtemps que les Églises prétendront intervenir dans les choses de la vie humaine au nom d'une autorité surhumaine ».

Et elles interviennent, les Églises. Et de plus en plus. Elles recrutent à tout va, dépensant sans compter en propagande et en lobbying. La plupart d'entre elles attendent une imminente « fin du monde ». Pour plusieurs, ce serait même pour cette génération. Et ce qui est inquiétant, c'est la violence extrême avec laquelle, selon la prédiction, se produira cet événement. Certains associent même un possible holocauste nucléaire à cette guerre d'Harmaguedon dont parle le dernier livre du Nouveau-Testament. En tant que telle, ils l'acceptent comme étant inévitable et la souhaitent au plus tôt, puisqu'elle doit absolument précéder le retour du Christ sur la terre ainsi que l'avènement du nouveau paradis terrestre pour les élus.

J'ai moi-même entendu le président Reagan, en réponse à une question d'un journaliste, se montrer très au fait de cette histoire d'Harmaguedon. Monsieur Reagan qualifiait de « théologiens » les hurluberlus qui l'entourent et lui lavent le cerveau avec leurs élucubrations bibliques. Quand on sait que ce même Ronald Reagan a chez lui un bouton qui pourrait déclencher une guerre nucléaire, il y a de quoi s'inquiéter. Moi, je m'inquiète et j'agis.

Claude Roy, nous dit dans son livre « Les chercheurs de dieux » (10) : « Je déteste le fanatisme même dans ses formes les plus douces ». La religion a toujours encouragé le fanatisme, et à cause de cela, elle doit nous inspirer une grande méfiance.


L'œil et l'évolution

Un argument souvent évoqué par les créationnistes pour justifier une intervention divine, est la beauté et la complexité de l'œil humain. Ils refusent obstinément de croire que cet organe puisse être le résultat d'un processus évolutif laissant intervenir le hasard. Ils le refusent, même si on a présentement sur la terre, à peu près tous les degrés de complexification d'organes détecteurs de lumière. À partir du simple cil vibratile sensible à la lumière, jusqu'à l'œil perçant du faucon. Dieu lui-même, aurait-il donc créé tous les stades de formation de l'œil afin que certains y voient une preuve de l'évolution et tombent ainsi dans l'erreur ? Dieu aurait-il créé sous terre des squelettes de dinosaures ? Aurait-il créé des fossiles pétrifiés de crustacés dans les montagnes à mille km de la mer ? A-t-il créé le sable ? le charbon ? le pétrole ?

Non, tout nous porte à croire que non. L'œil des mammifères est une beauté de complexité et d'efficacité, mais il n'est pas parfait. Il devient souvent presbyte à 45 ans et il est incapable de regarder directement le soleil. L'Homme n'a pas encore réussi à fabriquer quelque chose d'aussi beau que l'œil, mais ça s'en vient. Une voiture c'est déjà pas mal mieux que la marche. Le télescope et le microscope viennent rappeler à l'œil qu'il est terriblement « terrien ». La caméra de télévision de l'an 2000 battra probablement l'œil humain sur bien des plans.

Non Marcel, il n'y a pas de dieux (Dieu). J'en suis aujourd'hui convaincu. Car si Dieu avait fait l'œil humain, celui-ci verrait clair, et surtout, il serait incapable de pleurer.





 
Méthodes de datation 

tiré de l'encyclopédie Encarta 1997 de MicroSoft
(voir aussi le site de Planète Terre)

Stratigraphie

L'échelle relative était conçue d'après les principes de la stratigraphie ; par exemple, la loi de superposition décrit simplement que, dans une succession non perturbée de strates, les lits de roches supérieurs sont plus récents que les lits inférieurs.

Les strates de roches de différentes régions ont été mises en corrélation selon les fossiles qu'elles contiennent. En réalisant une multitude de corrélations, les géologues ont pu créer de grands groupes de strates, qui sont devenus la base de la division des temps géologiques. Ainsi, l'histoire de la Terre a été divisée en quatre grandes ères : le Précambrien, le Paléozoïque, le Mésozoïque et le Cénozoïque. Ces ères ont été à leur tour divisées en plusieurs périodes.

Dendrochronologie

Cette méthode, qui date les événements du passé récent, utilise le nombre, la profondeur et la densité de la croissance annuelle des cercles dans le bois des arbres les plus anciens. Des index permettent aux dendrochronologues de dater avec précision les événements et les conditions climatiques des dernières 3 000 à 4 000 années.

Analyse de varves

L'une des méthodes les plus anciennes de datation, l'analyse de varves, a été mise au point par des scientifiques suédois au début du XXe siècle. Une varve est un lit sédimentaire, ou succession de lits, déposé au cours d'une année dans une étendue d'eau immobile. Le nombre de varves et leur corrélation entre différents sites ont été utilisés pour déterminer les âges des dépôts glaciaires du Pléistocène. En connaissant le taux de sédimentation et le nombre de strates déposées après un événement géologique, les géologues peuvent déterminer l'âge de cet événement.

Datations absolues

Hydratation de l'obsidienne

Cette méthode est employée pour calculer les âges en années d'objets en obsidienne, ou de verres volcaniques récents, en déterminant l'épaisseur des couches (hydratées) produites par la vapeur d'eau qui a diffusé dans le verre lorsque sa surface a été exposée pour la première fois à l'air (fracture du verre volcanique, ou sculpture pour les objets). Cette méthode est applicable à ces types de verres vieux de 200 à 200 000 ans.

Thermoluminescence

Cette méthode utilise le phénomène des radiations ionisantes naturelles. Celles-ci peuvent créer des électrons libres dans les minéraux qui sont piégés dans des défauts de leur structure cristalline. Ces électrons piégés s'échappent par thermoluminescence lorsqu'ils sont chauffés à une température inférieure à celle de l'incandescence. En enregistrant la thermoluminescence d'un minéral qui a été exposé à un niveau de radiation constant, le dernier drainage des électrons piégés peut être ainsi daté sur plusieurs centaines de milliers d'années. Pour dater de la poterie, par exemple, le spécimen est chauffé : il restitue alors par thermoluminescence l'énergie qu'il a stocké dans ses défauts cristallins depuis le moment où il a été cuit.

Datations radiométriques

Les techniques radiométriques ont été mises au point après la découverte de la radioactivité en 1896. On a découvert que les éléments radioactifs instables avaient des taux réguliers de désintégration et pouvaient ainsi constituer des « horloges » virtuelles des roches de la Terre qui les contiennent.

Théorie de base

Les éléments radioactifs comme l'uranium (U) et le thorium (Th) se désintègrent naturellement pour former d'autres éléments ou des isotopes.

Cette désintégration est accompagnée d'émission de particules (alpha ou bêta) et/ou de rayonnements (rayons X ou gamma). Certains isotopes se désintègrent en une seule étape en produits stables, nommés isotopes fille (par exemple, le carbone-14), alors que d'autres subissent de nombreuses étapes avant qu'un isotope stable soit formé. Les suites de désintégrations radioactives comprennent, par exemple, les familles de l'uranium-235, de l'uranium-238 et du thorium-232. Lorsqu'un isotope fille est stable, il s'en forme jusqu'à ce que l'isotope parent se soit totalement désintégré. Cependant, si un isotope fille est radioactif, l'équilibre est atteint lorsque la vitesse de formation de l'isotope fille est égale à la vitesse de désintégration de l'isotope parent.

La désintégration radioactive peut prendre différentes formes : désintégration alpha, bêta, par capture d'électron. Ces différents modes de désintégration s'accompagnent parfois de l'émission d'ondes électromagnétiques (X ou gamma) de grande énergie.

Les scientifiques caractérisent la radioactivité d'un élément par son temps de demi-vie, ou période radioactive. C'est le temps au bout duquel la moitié des nucléides de l'élément se sont désintégrés. Par exemple, la période radioactive du carbone-14 est de 5 730 ans ; celle de l'uranium-238 est de 4,5 milliards d'années.

Les techniques de datation radiométrique sont basées sur des suites de désintégration d'isotopes avec des taux constants. Lorsqu'un élément radioactif s'est incorporé dans un minéral en formation, l'élément commence à se désintégrer à un taux constant, avec un pourcentage défini de « produits filles » pour chaque intervalle de temps. Ces « horloges rocheuses » sont les montres des géologues.

Carbone-14

Les techniques de radiochronologie au carbone, mises au point pour la première fois par le chimiste américain Willard Libby et ses associés de l'université de Chicago en 1947, ont été fréquemment utilisées en archéologie, en anthropologie, en océanographie, en pédologie, en climatologie et en géologie.

À travers l'activité métabolique, le taux de carbone-14 dans un organisme vivant est constamment en équilibre avec le taux de carbone-14 dans l'atmosphère et/ou l'océan. À la mort d'un organisme, le carbone-14 commence à se désintégrer à une vitesse connue, et il n'est plus remplacé par le carbone atmosphérique. La désintégration rapide de carbone-14 limite généralement la période de datation approximativement à 50 000 ans, bien que cette méthode soit parfois étendue à 70 000 ans. L'incertitude sur la mesure augmente avec l'âge de l'échantillon.

La précision de la datation dépend de la mesure de la période radioactive, des variations des taux de carbone-14 atmosphérique et de la pollution : le temps de demi-vie du radiocarbone a été redéfini de 5 570 ± trente ans à 5 730 ± quarante ans en 1962 ; on a montré dernièrement que la quantité de carbone-14 produite en haute atmosphère avait subi des variations au cours du temps, liées aux variations du champ magnétique terrestre. L'échelle de temps du radiocarbone présente d'autres inconvénients : des erreurs, de 2 000 à 5 000 ans, peuvent se produire. Enfin, une pollution de l'échantillon, qui est le problème le plus grave, peut être causée par des infiltrations d'eaux souterraines par l'incorporation de carbone plus ancien ou plus récent. Ainsi, les datations au carbone sont donc difficiles à établir avec précision.

Potassium-argon

La désintégration radioactive d'isotopes de potassium en argon est très utilisée pour dater les roches. Les géologues sont capables de dater de nombreux types de roches de cette façon, car le potassium-40 est abondant dans les micas, les feldspaths et les hornblendes. L'évaporation de l'argon peut poser un problème si la roche a été exposée à des températures supérieures à 125 °C. En effet, l'âge mesuré reflète le dernier épisode d'exposition à la chaleur plutôt que l'âge originel de formation de la roche.

Rubidium-strontium

Utilisée pour dater les roches magmatiques et les roches métamorphiques ainsi que les échantillons lunaires, cette méthode est fondée sur la désintégration bêta du rubidium-87 en strontium-87.

Thorium-230

La méthode des proportions de thorium permet de dater les sédiments océaniques plus anciens que ceux accessibles par les méthodes de datation au carbone. L'uranium présent dans l'eau de mer donne lieu à une suite de désintégrations qui aboutit au thorium-230 (également nommé ionium), dérivé de l'uranium-238, qui a une demi-vie de 80 000 ans, et au protactinium-231, dérivé de l'uranium-235, qui a une demi-vie de 34 300 ans. Tous deux radioactifs, ils sont précipités dans les sédiments marins dans les mêmes proportions mais à des taux différents. Leur proportion respective change régulièrement avec le temps, montrant des différences d'autant plus importantes que les sédiments sont anciens. Une échelle de temps peut être mise au point de cette manière.

Dans la méthode utilisant le déficit en thorium-230, l'âge des coquillages ou des coraux fossilisés datant de 10 000 à 250 000 ans est fondé sur le fait que l'uranium-238 et l'uranium-224, entrés dans la composition du carbonate lors de sa formation ou de son enfouissement, ne sont pas encore à l'équilibre avec le thorium. Des relations de déséquilibre identiques peuvent être utilisées pour dater les carbonates dans les sols. Cette méthode est un complément à celle du carbone-14.

Plomb

La datation plomb-alpha, ou de Larsen, est estimée par spectrographie en déterminant le contenu total de plomb et l'activité alpha (teneur en uranium-thorium) de la zircone, de la monazite ou de la xénolite. Elle est appliquée aux roches formées après le Précambrien. Dans la méthode uranium-plomb, l'âge d'un matériau géologique est calculé d'après les taux de désintégration radioactive connus de l'uranium-238 en plomb-206 et de l'uranium-235 en plomb-207. Couplé aux taux de désintégration du thorium-232 en plomb-208, trois âges indépendants peuvent être obtenus pour le même échantillon. Cette méthode s'applique principalement aux matériaux d'âge précambrien.

Traces de fission

La méthode de datation par traces de fission concerne les dommages radioactifs causés par des particules nucléaires dans un minéral (ou verre) par la fission spontanée des impuretés d'uranium-238. La datation est calculée en comparant la densité de traces de fission spontanée avec des traces de fission induite volontairement. Cette méthode s'applique bien aux micas, aux tectites et aux météorites. Elle a été employée pour permettre de dater des périodes allant de 40 000 années à 1 million d'années, intervalle qui n'est pas couvert par le carbone-14 ou les méthodes potassium-argon. Cependant, les roches soumises à des températures élevées ou exposées au bombardement des rayons cosmiques à la surface de la Terre peuvent donner des âges erronés.





Bibliographie      

  1. « La Sainte Bible » traduction de Louis Segond, Société Biblique de Genève.

  2. « Évolution ou Création » Jean Flori et Henri Rasolofomasoandro, ed. S.D.T. 1974.
    « En suivant les Dieux » Jacques Lacarrière, Lacombe 1984.
    « La naissance de Dieu ; la Bible et l'historien » Jean Bottéro, Gallimard 1986.
    « L'affaire Jésus » Henri Guillemin, ed. du Seuil 1982.
    « Le cortège des fous de Dieu » Richard Bergeron, ed. Paulines 1982.
  3. « La naissance de l'Homme » Richard Leaky, ed. du Fanal 1981.

  4. « Le singe, L'Afrique et l'Homme » Yves Coppens, Fayard 1983.
    « Le hasard et la nécessité » Jacques Monod, ed. du Seuil 1970.
    « Le jeu des possibles » François Jacob, Fayard 1981.
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  6. « Cosmos » Carl Sagan, Select 1981.

  7. « Le roman des Hommes » Albert Ducrocq, Julliard 1973.
  8. « L'univers quantique » Hanz Pagel, InterÉditions 1985.

  9. « À la recherche du réel » Bernard D'Espagnat, Gauthier-Villars 1981.
    « Une incertaine réalité » Bernard D'Espagnat, Gauthier-Villars 1985.
    « Comment l'univers finira et pourquoi » Richard Morris, Laffont 1984.
  10. « Aujourd'hui l'univers » Jean Audouze, Belfond 1981.

  11. « Les trois premières minutes de l'univers » Steven Weinberg, ed. du Seuil 1978.
  12. « Les dragons de l'Éden » Carl Sagan, ed. du Seuil 1980.

  13. « Cosmic connection » Carl Sagan, ed. du Seuil 1975.
    « La conquête du savoir » Isaac Asimov, Mazarine 1982.
    « L'univers de la science » Isaac Asimov, InterÉditions 1986.
  14. « Patience dans l'azur » Hubert Reeves, ed. du Seuil 1981.

  15. « Poussières d'étoiles » Hubert Reeves, ed. du Seuil 1984.
    « L'heure de s'enivrer » Hubert Reeves, ed. du Seuil 1986.
  16. « Jésus, fils de l'Homme » Rudolph Augstein, Gallimard 1975.
  17. « Les chercheurs de dieux » Claude Roy, Gallimard 1981.

  18. « La foi qui tue » Bernard Oudin, Laffont 1980.
    « Dieu existe... Non » Christian Chabanis, Stock 1973.



En France, vers les années 1715, à une époque où il est presque impossible de mettre en doute l'existence de Dieu, un curé de campagne devint athée. Il continua néanmoins, à faire sa « job » de curé, mais décida de léguer à ses paroissiens la somme de ses pensées. Pendant les dix dernières années de sa vie, tous les soirs, à la chandelle, il écrit, à la plume d'oie, ses neufs preuves de la non-existence de Dieu. Un ouvrage de six cents pages manuscrites, qu'il recopia en trois exemplaires, pour être sûr d'être lu. Il en devint aveugle, malade et mourut misérable. Cet homme, s'appelait Jean Meslier. Un historien, Marc Bredel, nous le raconte dans son livre : « Jean Meslier, l'enragé ». À lire absolument.

« Jean Meslier, l'enragé » Marc Bredel, Balland 1983.


Pour ceux qui sont portés sur le « oui mais... », qui croient que derrière le « résidu d'inexpliqué », se cachent des forces occultes et intelligentes, qui peut-être nous surveillent et nous manipulent, oubliez ça, et lisez :

« Le paranormal » Henri Broch, ed. du Seuil 1985.



30 avril 2000