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Mohammed 'Abduh (1849-1905): le "Réformateur du siècle"

 

© Ralph Stehly, Professeur d'histoire des religions, Université Marc Bloch, Strasbourg

 

Mohammed 'Abduh (MA) orienta le réformisme dans une voie ennemie de toute violence. Pour MA, les musulmans devaient chercher le secret de émancipation non dans les aventures de al violence, mais dans un puissant effort sur eux-mêmes. Il incita les musulmans à s'ouvrir largement à la civilisation européenne tout en restant fermement attachés à leur religion.

En 1899 MA devint Grand Mufti d'Egypte. Il était donc à la tête  de tout le système législatif.

Le pont de départ de sa pensée a été, comme celui d'Afghâni, le problème de la décadence interne de l'islam, la  nécessité d'une revitalisation interne, d'une renaissance. Il était hanté par les premiers signes d'apparition d'une société duelle. Depuis les reformes de Mohammed Ali et d"Ismaïl Pacha, de nouveaux codes de loi avaient été adoptés, de nouvelles écoles créées, tous deux d'après le modèle européen, donc danger de la division de la société en deux sphères sans réel lien entre elles: 1) une sphère en dépérissement où les principes moraux et juridiques de l'islam prévalait, et 2) une autre où c'étaient les principes dérivés de considérations d'utilité publique, sur le modèle européen, qui prévalaient.

MA avait une très vive admiration pour les institutions européennes,  mais il ne pensait pas qu'il était possible de transplanter purement st simplement les lois et les institutions de l'Europe en Egypte. Des lois transplantées  sur un autre sol ne fonctionnent pas de la même manière que sur le sol d'origine;elles peuvent même faire empirer les choses. L'Egypte risquait donc de devenir une société sans loi.

De la même manière, il y avait deux systèmes d'éducation séparés en Egypte. 1) D'un côté, les antiques institutions religieuses avec al-Azhar à leur tête, 2) de l'autre, les écoles modernes sur le modèle européen, établies soit par les missions étrangères, soit par le gouvernement. Entre ces deux systèmes, il n' y avait pas non plus de relation. 1) Leds écoles religieuses souffraient de maux tels que la stagnation et l'imitation servile. D'une certaine manière, elles enseignaient certes la religion, mais une religion figée, sclérosée, et non les sciences nécessaires pour vivre dans le monde moderne. 2) Les écoles des missions européennes, consciemment ou non, rapprochaient les élèves de la religion de leurs maîtres. Et le fait d'étudier dans une langue étrangère et selon un curriculum étranger rendait les élèves dépendant d'une nation étrangère et les aliénait à leur propre nation. 3) Quant aux écoles d'Etat, elles cumulaient les vices des deux. Elles étaient des imitations des institutions étrangères, avec cette différence que, tandis que les écoles des missions enseignaient le christianisme, les écoles d'Etat n'enseignaient aucune religion du tout, ou la religion d'une manière purement formelle, et en conséquence aucune morale sociale ou politique.

L'ambition de MA était donc d'essayer de combler le fossé qui risquait de diviser la société islamique en deux, et de tenter de jeter une passerelle entre les deux mondes. Mais il était conscient que cela ne pouvait pas se faire par un simple retour au passé. Il fallait passer par l'acceptation du changement imposé par l'Europe, mais en reliant ce changement aux principes de l'islam, de façon à ce que ce ne soit pas un changement sauvage. Cela ne voulait évidemment pas dire que l'islam devait approuver tout ce qui était accompli au nom du progrès, et que  la tâche des nouveaux oulémas qu'il entendait former était simplement de légitimer un fait accompli. L'islam tel que MA le concevait était un principe de contrôle: il devait permettre aux musulmans de distinguer, parmi les changements proposés, ce qui était bon de ce qui ne l'était pas..

Concernant la charia, MA distingue entre les éléments cultuels (les 'ibâdât, les cinq piliers de l'islam) et les mu'âmalât (les règles sociales). Les règles du culte ont été fixées pour l'éternité par Dieu dans le Coran et sont donc immuables. Par contre les mu'âmalât peuvent faire l'objet d'un aggiornamento en fonction du siècle.

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